L'histoire du Tour de Guyane en 52 min

L'histoire du Tour de Guyane en 52 min

par Christelle Auguste - photos DR -Archives départementales/France-Guyane

© Archives départementales/France-Guyane

À l'approche du Tour 2012, dans un documentaire de 52 minutes De la route au Tour de Guyane, signé par Henri Néron, Guyane 1ère propose de revivre l'histoire de cet événement sportif majeur du mois d'août de 1975 à 2011. S'il s'est dessiné dans les années soixante, il a pris la courbe qu'on lui connaît de course à étapes ouverte à l’internationale à l'édition 1978, offrant de découvrir la Guyane. .

De parole de coureur, ils se seront « bien dépouillés » pour produire 36 ans de mémoire de Tour. 18 mois de recherches aux Archives départementales, à la Région Guyane, à la ville de Matoury, à la DRJSCS, à l'INA, Institut national de l'audiovisuel, dans des collections privées et 18 jours de montage intensif ont été nécessaires.

Chapeauté par Henri Néron, le « monsieur mémoire » de la chaîne publique locale, passionné d'histoire péyi, ce travail a été mené au coude à coude avec Yves Metreau, opérateur prise de vue et Suzie Icaré, chargée de production.

Première difficulté, aborder les prologues de ce qui allait devenir le rendez-vous sportif et populaire de Guyane, sans disposer d'images et sans compter sur les vieilles reliques pelliculaires de ces années-là, à l'heure du tout numérique. Rappelons que la télévision a fait son apparition en Guyane en 1967 et que l'actualité sportive locale était principalement couverte en radio. Les premières vidéos du Tour remonteront donc aux années 75/76. Le documentaire De la route au tour de Guyane démarre donc par des extraits issus de la presse locale et de photos privées sur voix off où les téléspectateurs pourraient paraître « être dans le dur ». Pour leur plus grand plaisir, on passe rapidement au grand plateau avec de nombreuses interviews de coureurs de Guyane et des Antilles, de responsables sportifs, notamment.

Ce documentaire de 52 minutes est l'occasion de revoir les premiers acteurs du Tour de Guyane qui a changé nombre de fois de configurations et de dénominations, De route de Guyane à Trophée du littoral pour se rapprocher de sa physiologie la plus actuelle en 1978.
La course à étapes internationale se dessine

Cette année-là, d'aucuns se souviendront que dans l'Hexagone, Bernard Hinaut remporte le 65e Tour de France, après une grève inédite des leaders dans l'étape Toulouse Valence d'Agen qui franchiront à pied la ligne d'arrivée. En Guyane, le député-maire Léopold Héder meurt et Gérard Holder lui succède à la maire de Cayenne. Alors que Tchenbé rèd pa moli, premier film en créole avec Greg Germain tient l'affiche du cinéma L'Apollo, le Trophée du littoral se courra en 5 étapes d'août à septembre. Les images offrent notamment de découvrir des visages disparus de dirigeants et de coureurs, comme celui de Saint-Louis Zébina, vainqueur du Tour en 1976, José Tsang Sam Moï, en 1970 et Gilbert Daniel en 1975.

Un trait d'union est marqué entre la vieille école et la jeune classe cycliste guyanaise qui doit compter avec entraîneur, médecin, régime diététique et composer avec un règlement plutôt contraignant qui ne laisse plus de place à l'amateurisme, quand jadis on carburait à l'eau, à la canne à sucre, au citron ou aux oranges. Le passage de témoin est notamment incarné à l'écran par Marco Jacobus Pont de l'ECG (Espoir Cycliste Guyanais), quatre fois deuxième et troisième au classement qui courrait pour la dernière fois l'an dernier et Patrice De Nays Candau du VCG (Vélo Club Guyanais) deux fois vainqueur du Tour. Autre parti-pris de l'auteur, donner la parole à ceux qui n'ont jamais remporté le Tour bien que l'ayant marqué indéniablement. Le documentaire illustre de belle manière les minis-révolutions qui ont modifié la physionomie des routes et fleuves guyanais et inévitablement, celle de la course.
Face à la douloureuse topographie guyanaise

On évoquera les pistes de latérite à l'est et à l'ouest de Roura, Mana, Saut Sabbat et Saint-Georges de l'Oyapock. Les crevaisons, les roues qui cassent, sans option de secours, le bac de Kourou en 1968, celui de Mana en 1977 que l'on revoit avec une pointe de Nostalgie, la célèbre chute du Martiniquais Alfred Defrontis sur la ligne d'arrivée qui offrira une victoire guyanaise à Sylvère Ringuet en 1977. Le président du comité cycliste martiniquais a signé quatre trophées dont le fameux Paramaribo-Cayenne en 1975 qui marque la première participation des coureurs antillais. Au rang des interviewés martiniquais, il évoque, à l'anecdotique, les moustiques de Guyane. Il répond aussi avec Frank Duro qui a vu évoluer le Tour de Guyane, aux conditions d'hébergements des coureurs modestes des débuts expliquées par quelques habitants de communes étapes. Paul Charles Angèle, le deuxième coureur de Madinina à avoir remporté un tour en 1989, après dix participations ou encore Ferdinand Arcade tenteront d'analyser pourquoi les « Martiniquais ne gagnent pas en Guyane » depuis la victoire de Philippe Montagnac en 1988, bien qu'habitués des bosses et des contre-la-montre.
De toutes ces victoires arrachées à la Guyane par des Cubains, Colombiens, Antillais ou hexagonaux depuis trente ans, quelques combinaisons gagnantes sont livrées. Entre les lignes, le téléspectateur découvre la structuration de la discipline, des clubs et d'une organisation régionale, depuis le premier VCG qui continue à fournir d'excellents coureurs et la diversification des étapes du Tour par les interventions de Joseph Causse, Georges Giffard, Jean-Claude Ringuet, Jean-Yves Thiver et Daniel Sinaï.
La fureur de vaincre guadeloupéenne

Depuis l'année 1977, la Guadeloupe elle inscrit régulièrement son nom au palmarès du Tour guyanais avec la victoire de Christian Euphrasia. D'autres ont suivi, comme celles de Paulin Couchy en 1987, Richard Methony, double vainqueur et encore récemment celle de Boris Carène, en 2011. On retiendra que « les Guadeloupéens ne viennent pas faire de la figuration » et que là où le bât blesse pour les clubs locaux c'est qu' « il y a des coureurs qui roulent mais ne veulent pas courir en équipe ». Ou encore, qu'au grand dam des équipes extérieures, « le coup de fringale sur les routes de Guyane, ne pardonne pas ». Un documentaire passionnant et émouvant où le téléspectateur se laissera facilement emporté, même s'il n'est « pas raccord » avec la petite reine.

De la route au Tour de Guyane, 52 minutes

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