Le retour triomphal de François Pavilla
À la Une en… 1967

Le retour triomphal de François Pavilla

Recherches : Sandrine de Saint-Sernin/Photos d’époque : Henry Mangattale

Le 26 mai 1967, c’est François Pavilla, champion de France de boxe en titre qui faisait la Une de France-Antilles. Le Martiniquais revient chez lui, après un combat légendaire à Dallas quelques jours auparavant. Photos d'époque.

Revenons un peu en arrière pour situer ce match de Dallas. En janvier 1967, au Palais des sports, Pavilla avait déjà combattu le champion du monde en titre, l’Américain Curtis Cookes. Résultat ? Match nul… Une décision très largement sifflée par le public et les connaisseurs. Curtis Cookes offre alors à Pavilla une revanche à Dallas, toujours pour le titre de Champion du Monde, le 19 mai 1967. Pavilla perd le match.
À son retour en Martinique, des milliers de personnes accueillent — avec fougue — « leur » légende vivante. La liesse était d’autant plus grande que Pavilla n’avait pas foulé la terre de son île natale depuis 15 ans… Voici des extraits d’articles parus entre les 26 et 29 mai 1967.

Extraits de l'interview accordée à notre journal à l'époque.
« Jamais je n’oublierai ce merveilleux accueil… »


On a dit beaucoup de choses sur les raisons de votre défaite. Qu’en est-il exactement ?
Ma défaite, je sais, a déçu bien des supporters, mais je n’ai pas à en rougir. J’ai boxé avec un très grand champion. Il était plus fort que moi, il m’a battu, c’est très net et c’est normal.

Pourtant à Paris vous aviez obtenu le nul ?
À Paris, les juges avaient décrété le nul mais j’avais gagné. Pas de beaucoup, il est vrai, mais j’avais gagné tout de même, j’en suis certain. Mais entre le Cookes de Paris et de celui de Dallas, il avait une différence. Ce n’était plus le même boxeur.

Avant le jet d’éponge aviez-vous souffert ?
Pas tellement. Il me dominait bien sûr, mais ne m’avait jamais véritablement éprouvé. Au 10e round, j’avais 3 ou 4 points de retard et je pensais toujours à la faveur des cinq rounds suivants pouvoir renverser la situation.

Et le 10e round ?
D’un seul coup, Cookes m’a surpris, j’ai été gravement touché et j’ai commis l’erreur de ne pas mettre le genou à terre et de me laisser compter huit pour pouvoir récupérer. Au contraire, je suis retourné à la bagarre de plus belle m’exposant dangereusement. Quand M. Bretonnel (ndlr : son entraîneur) a lancé sa serviette sur le ring, je pouvais encore tenir mais ça n’aurait servi à rien. J’aurai pu prendre un très mauvais coup qui m’aurait empêché de conquérir le titre européen que détient l’Italien Carmelo Bossi depuis sa victoire sur Josselin.

Pensez-vous pouvoir battre Cookes un jour ?
Nul n’est imbattable et d’ailleurs je l’ai déjà battu. Je veux maintenant redevenir son challenger. Il me faut d’abord défendre mon titre de champion de France face à Lucien Fernandez.

Votre impression sur la Martinique ?
En quinze ans, l’île a beaucoup changé. L’autoroute, tous ces immeubles modernes. Évidemment le charme y a beaucoup perdu, mais je suis très content que mon pays suive d’aussi près la voie du progrès. Mes supporters ont été merveilleux, vraiment je ne pensais pas à un tel accueil. Jamais je n’oublierai cela…

* article paru le 26 mai 1967

Pavilla à France-Antilles
"Près de huit jours ont passé depuis le formidable accueil de Pavilla à l’aéroport, accueil qui restera gravé dans les mémoires.
Depuis ces instants, le boxeur continue de vivre quelques-unes des plus belles journées de sa vie. Il a maintenant retrouvé les liens familiers de son enfance, revu tous ses parents, ses amis et a goûté les délices du splendide Hôtel Bakoua.
La partie officielle s’achève maintenant et après le combat de boxe de samedi au Fort Saint-Louis et le coup d’envoi de la finale hier après-midi, Pavilla va maintenant rentrer dans l’ombre et se consacrer tout entier à sa famille et vivre enfin son intimité.
Nous revenons sur les photos de sa visite, à la fin de la semaine dernière où notre sympathique champion est venu à « France-Antilles » nous rendre visite et voir comment fonctionnait le quotidien, avec son épouse et Jean Bretonnel son manager."
* article paru le 29 mai 1967

Rue Pavilla
Attention ! La rue a été inaugurée en 1969 soit deux ans après le retour de Pavilla à la Martinique. « C’est le 1er mai à 11h30 qu’Aimé Césaire assisté de son premier adjoint M. Moddock, a procédé à l’inauguration de la rue François Pavilla qui commence à la rue du Pavé pour aboutir à la rue de Trenelle. Le député-maire de Fort-de-France a tenu à rappeler pourquoi le boxeur méritait qu’une rue de la ville porte son nom « pour perpétuer et honorer la mémoire d’un sportif de grand mérite qui peut servir d’exemple aux futures générations ».
* article paru en mai 1969


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