Orlane Jadfard embarque pour une croisière carnaval

Orlane Jadfard embarque pour une croisière carnaval

Propos recueillis par Angélique Gros

Les projets se multiplient pour Orlane Jadfard qui vient de lancer au Café de la Gare les soirées Bigmaz, avec biguine et mazurka hors carnaval. Et elle continue d’innover en emmenant le carnaval guyanais… sur l’eau ! En janvier, elle fera découvrir aux passagers du Costa Pacifica le répertoire guyanais avec son orchestre Pa Gain Nom durant la toute première croisière touloulou et tololo.

Comment vous-êtes vous retrouvée embarquée dans ce projet de croisière touloulou et tololo ?
Il y a deux ans, Emmanuel Granier est venu découvrir le carnaval guyanais. Il m’a vue sur scène et j’imagine qu’après l’idée a germée. Il m’a contactée cette année au début du carnaval et bien sûr j’ai accepté ! C’est une superbe opportunité et une belle vitrine pour promouvoir le carnaval guyanais. D’autant qu’avec Pa Gain nom, ça fait un moment que j’ai envie d’aller chanter aux Antilles ou ailleurs. Ici, on sait ce qu’on déjà ce qu’on vaut, on n’a plus rien à prouver.
Avez-vous déjà commencé à préparer vos concerts ?
Oui, je prépare un répertoire chaud bouillant et mon équipe est gonflée à bloc. Je pense que les touloulou et les tololo de Bel famn aussi ! Ce sera à 98 % un répertoire guyanais. Étant donné qu’on aura des compatriotes antillais, il y aura aussi quelques morceaux des Antilles. Notamment ceux de Gertrude Seinin dont je suis fan. Je reprends ses morceaux en patois guyanais. Le but est de faire découvrir notre musique car les Antillais ne la connaissent pas. Et en plus, il n’y aura pas qu’une population antillo-guyanaise sur le bateau !
Peut-on avoir quelques précisions sur le répertoire que vous comptez faire découvrir ?
Du Orlane Jadfard, c’est sûr, mais tous les groupes et artistes seront représentés aussi : Quéquette, Mécènes, Blue Stars, Karnivor, Nadège Chauvet, etc. On a cinq soirées-concert et on a prévu de bouger le répertoire chaque soir. Avec les musiciens de Pa gain nom qui m’accompagneront, il y aura une grosse surprise.
La croisière se déroule en janvier. S’agit-il d’une mise en bouche juste avant le carnaval ?
L’objectif, c’est aussi que les gens viennent après en Guyane pour le carnaval. Avant, le carnaval de Guyane était le quatrième mondial. Il est temps qu’on reprenne cette place !
C’est la toute première croisière carnaval. Est-ce de la pression ?
Oui. On n’a pas le droit à l’erreur. C’est un rêve qui devient réalité. J’ai encore un autre rêve qui j’espère se réalisera d’ici 2020.
Lequel ?
Un concert dans l’Hexagone. Quand j’ai fait le concert de mes 25 ans de carrière en Guyane, le public m’a pas mal sollicitée sur les réseaux sociaux pour que j’en fasse un à Paris. Mais financièrement et au niveau de la réservation d’une salle, c’est compliqué. J’y travaille, j’ai fais l’ouverture du carnaval à Paris avec le groupe Dokonon en 2017, on a fait la fermeture du carnaval à Toulouse avec Pa gain nom en 2014. En 2019, on aimerait bien faire l’ouverture du carnaval de Paris.
Vous venez de lancer le concept des soirées Bigmaz…
Oui. Anthony Sylvain, le gérant du Café de la Gare, nourrit ce projet depuis plusieurs mois. Je n’avais pas beaucoup le temps de m’en occuper car j’ai eu un nouveau poste et j’ai beaucoup voyagé. Le but est de redonner aux gens le goût de danser de la biguine et de la mazurka. Aux Antilles, ils les dansent toute l’année. Mais chez nous dès qu’on commence à danser biguine ou mazurka : c’est carnaval. Et bien, non, c’est faux ! On peut aimer le carnaval et on peut danser la biguine et la mazurka sans le piké djouk, en dansant normalement. Il y a quand même des irréductibles : même quand il n’y a rien à piquer, ils piquent !

La première soirée en avril et la seconde en mai ont été un vrai succès…
Oui, c’était plein ! Il y a tout âge confondu, les femmes ne refusent pas les invitations et les hommes jouent le jeu. Tous le monde danse !
Comme expliquez-vous qu’il n’y ait jamais eu de soirée biguine et mazurka hors carnaval ?
Personne n’a osé. Je suis quelque part un peu précurseur. C’est comme pour la soirée de la Mi-Carême, ça fait des années et des années qu’il n’y en avait plus et quand on l’a remise au goût du jour, il y a trois ans avec Anthony Sylvain, tout le monde s’est mis à en organiser. Gageons que beaucoup voudront copier encore le concept de la soirée Bigmaz sauf que c’est nous qui avons eu l’audace de commencer et le courage, car ce n’est pas évident. Il faut se battre pour remplir la salle et avoir un répertoire adéquat, c’est à dire sans piké djouk.
Quel répertoire jouez-vous ?
Il y a beaucoup de reprises de morceaux guyanais sans piké qui sont bien cadencés et bien chaloupés. Il y a des morceaux que j’ai repris et pour lesquels j’ai fait des arrangements comme sur mon album live. Il y a une séquence de zouk aussi et un petit compas pour que tout le monde y trouve son compte.
Pa gain nom reste-t-il dans la même formation que pour le carnaval ?
Pour le concept Bigmaz, j’ai réduit car certains n’étaient pas disponibles. Normalement, on est dix mais là on est sept : un bassiste, un batteur, un guitariste, deux chanteurs, un pianiste et le cuivre.
Avez-vous prévu de collaborer avec d’autres artistes dans le cadre de ces soirées ?
Il y a plein de musiciens qui sont venus aux deux premières soirées. Je partage toujours ma scène avec qui veut ! Finalement ça ressemble un peu aux jams sessions qui se faisaient avant à l’Iguana (et désormais à la Brioch’pizzeria à Cayenne, ndlr). Pour la dernière soirée, il y avait Carmen de Karnivor. Yves Nugent était là, il a pris la batterie.
Quelles sont les prochaines dates ?
Le 30 juin. En juillet, il n’y en a pas car comme chaque année depuis cinq ans, on fait une soirée mise en condition. C’est juste avant le carnaval hors-saison. Après, ce sera fin août, puis en septembre…
Vous avez sorti votre premier clip, Alimet A, en début d’année. D’autres sont-ils en préparation ?
Oui, car le clip est une belle vitrine aussi. Grâce à Emmanuel Granier, le premier est diffusé non stop sur Zouk TV. C’est aussi une façon de me faire connaître aux Antilles. Je vais faire plusieurs clips car j’aimerais faire la promotion, ailleurs qu’en Guyane, de L’Expérience, mon dernier album live. Je devrais commencer à réaliser celui de Philomène en septembre. C’est un morceau que j’aime beaucoup et qu’on ne trouve plus en CD.

Orlane Jadfard et Myrna Ho-Wen-Zé s’occupe de la commercialisation des billets pour la première croisière carnaval © AG

 
Sept jours, cinq concerts

Sept jours pour 5 concerts. Du 4 au 11 janvier au départ de Fort-de-France et du 5 au 12 janvier au départ de Pointe-à-Pître. Escales l’après-midi puis activité sur le bâteau, dîner et concert. Bel Fanm embarque aussi. L’association louera des robes de touloulou et les vêtements de tololo et mènera des initiations au piké djouk. Elle emmène avec elle 30 danseurs : 25 femmes et 5 hommes.
Contact Guyane : Thomas Cook, directrice Myrna Ho-Wen-Zé au 0594 25 56 36.
 
 
Biguine et mazurka toute l’année
Conversation récente de l’auteur de ces lignes en Martinique : « Vous, les Guyanais, je ne vous comprends pas. Votre carnaval vous rend dingue, mais vous ne dansez pas de biguine ni de mazurka le reste de l’année. » Il y a bien le carnaval hors-saison, qui s’est étendu à quasiment une semaine ces dernières années. Et jusque-là, c’était tout. Mais les choses évoluent.

Orlane Jadfard propose désormais une soirée bigmaz le dernier samedi du mois, au Café de la Gare. La prochaine est le 30 juin. Il n’y en aura pas en juillet mais elle reviendra en août.

Ti Balcon surfe sur le succès du dernier carnaval et organise un Ti Balcon national, la veille du 14 juillet. Au programme : Mécènes, Blue Stars et Karnivor, rien que ça ! Succès garanti.

Le Café de la Gare, toujours, accueille des cours de biguine et de mazurka, suivis d’une soirée DJ, tous les lundis.

D’lo Coco, dont le répertoire s’étend à toutes les danses traditionnelles et aux ambiances vacances, a lancé le 17 juin ses soirées Ambiance Ti Paillote. Au programme : la musique qui a fait les belles heures de la Paillote, le tout dans un des temples du carnaval : Le Soleil levant.

Le carnaval hors-saison se déroule le 4 août… chez Polina, avec les Mécènes et les Blue Stars. La soirée est organisée par Yannick Huyghues-Despointes, le propriétaire du Kindal. Comme ces dernières années, d’autres soirées carnavalesques se dérouleront autour du carnaval hors-saison.
P.-Y. C.
 
 

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