WhatsApp, une collecte d'informations qui ne passe pas

Entre annonce d'une plus grande collecte des données croisées avec Facebook et semi-rétropédalage, l'application WhatsApp, très utilisée en Guyane, est au cœur des débats ces dernières semaines, sur le territoire comme ailleurs.
D'ici là, l'entreprise tente de limiter les dégâts sur son image et insiste : d'après elle, les messages entre utilisateurs resteront dans tous les cas privés. La modification annoncée ne concerne, nous dit-elle, que l'intégration plus avancée de WhatsApp à l'écosystème de Facebook et Instagram.
Concrètement, le pseudonyme, le numéro de téléphone, la dernière adresse IP utilisée, les données sur les appareils utilisés, les numéros de téléphone des contacts utilisant l'application seront collectées et partagées avec les données dont dispose déjà l'entreprise de Mark Zuckerberg. Ceci car un partage accru des échanges de données entre les différents logiciels du groupe permettra de vendre aux entreprises des publicités ciblées multi-plateformes et des fichiers clients encore plus précis qu'auparavant. On est libres de les croire, et nous nous bornerons à rappeler que les fondateurs de WhatsApp ont quitté Facebook assez rapidement après le rachat de leur entreprise, parce que la protection des données privées, au coeur de leur projet, n'était plus garantie.
Quoiqu'il en soit, quand on sait que Facebook dispose de fiches clients sur des personnes qui ne sont même pas inscrites sur le site, on peut imaginer le degré de précision qui va être atteint avec les nouvelles règles. Ceux qui ne seraient pas d'accord avec les nouvelles conditions d'utilisation seront invités à désinstaller l'application ou à les accepter à contrecœur. Ce qui, vu l'importance de WhatsApp en Guyane, y compris dans une utilisation professionnelle, risque bien d'arriver à beaucoup.
« Je pense que c'est pas une bonne idée de surveiller les données, parce qu'ils veulent voir notre vie privée. Il faut oublier cette mesure, elle n'est pas une bonne chose pour nous, ni pour ceux qui font leur business », s'alarme ainsi Florita, à Saint-Laurent du Maroni. « ils vont violer l'intimité des gens, comme ils l'ont fait sur Facebook et Instagram », alerte la jeune femme.
Une inquiétude partagée par Marijke, qui trouve la réforme « abusée », parce que les utilisateurs « partagent beaucoup de photos » via le logiciel, y compris pour certains « des photos intimes ».
D'autres utilisateurs, sur le territoire comme ailleurs, ont carrément décidé de se passer du logiciel aux deux milliards d'inscrits, pour passer à des alternatives plus sécurisés, comme Telegram ou Signal. Ces applications, très similaires à celle de Facebook - en particulier Signal, qui a multiplié les fonctions comme les groupes depuis deux ans, affichent toutes deux un attachement sans faille à la vie privée de ses usagers, sans être entachées du soupçon qui entoure WhatsApp depuis son rachat par une entreprise dont tout le modèle économique est fondé sur la surveillance de ses clients.
Mowgli, 22 ans, est un fidèle de Signal depuis plusieurs années déjà et ne cache pas sa joie d'y voir « de plus en plus d'utilisateurs ». Inscrit par ailleurs sur facebook « parce que tout le monde y est et que Messenger reste très pratique », l'entreprise américaine lui fait peur. Par ses multiples ramifications et par les croisement des données de ses clients, il estime qu'elle « est en train de devenir Skynet », du nom du programme de surveillance de la NSA.
Vos commentaires
Facebook ne renonce pas. Ils ne font que repousser la date à laquelle ils vont collecter puis revendre nos données espérant qu’on oublie. C’est trop juteux pour que Facebook se prive d’une telle manne.