A l'Ouest, RESF renaît de ses cendres

Récemment réactivée, la branche saint-laurentaise de l'association d'aide aux migrants a offert une journée de formation sur les droits des sans-papiers.
Depuis La fine bouche, un restaurant du Lac bleu, la juriste aborde le droit au séjour des étrangers, le droit d'être scolarisés pour les mineurs ou encore les droits afférents à la nationalité française. Autant d'éléments que prend en note Mickaël Guerin-Bouhaben, enseignant en charge de l'accueil nouveaux arrivants sur le territoire. Un travail qui le confronte fréquemment à des élèves sans papiers, d'où son désir d'obtenir ce jour « des informations, une mise au point sur leur quotidien, leurs problématiques ». Par exemple, les explications d'Aurélie Pialou sur le titre de séjour lui auraient été utiles dès la veille, avec « une famille dominicaine ».
« J'apprends tout un tas de nuances que je connaissais pas », se réjouit le trentenaire, installé au fond de la salle, même si « c'est technique ». Si ce professeur n'envisage pas de rejoindre l'association sur son temps libre, « au niveau professionnel, c'est cool ».
Presque au premier rang, Anaelle Metzger, enseignante en maternelle est dans une problématique presque opposée, venue pour des raisons « plutôt d'ordre personnel ». Elle se dit suffisamment active par ailleurs et n'envisage pas non plus de rejoindre RESF, mais connaît des personnes en situation d'irrégularité. « Alors, si je peux aider... », lâche la jeune femme dans un souffle.
Dans la salle, martelée par la pluie qui s'écrase sur le toit, les stylos continuent de noircir les pages, y emmagasinant notions de droit, démarches d'accompagnement et sigles juridiques, à la satisfaction des responsables du Réseau éducation sans frontières. Accompagner les migrants dans l'exercice de leurs droits, en particulier les mineurs, c'est aussi « accompagner les familles », confie une responsable venue de Cayenne. « Notre objectif c'est de ne plus avoir à intervenir, de pas faire des référés ad vitam eternam, que les acteurs prennent leurs responsabilités, inscrivent les élèves », confie-t-elle, alors que l'association a fait condamner le rectorat à ce sujet.
Pour parvenir à ces résultats dans l'Ouest, le réseau de soutien aux sans papiers va toutefois devoir grandir quelque peu. « Aujourd'hui nous sommes trois à Saint-Laurent, quatre dans l'Ouest », avec un militant actif à Grand Santi, admet Benoît Gendron, un des organisateurs de la journée. « Pour l'instant, il y a déjà une permanence au lycée Lumina Sophie, le jeudi 15h30/17h15, bientôt il y en aura une à Berthène Juminer », détaille l'enseignant, qui espère « étendre au maximum le réseau dans l'Ouest ».
Message entendu par Christelle Tessier, documentaliste depuis 4 ans à Maripasoula, qui souhaite relancer RESF chez elle, notamment pour aider élèves et maman d'élèves. Pour l'instant, elle « profite du travail de déchiffrage de la formation ».
Une formation qui a failli ne pas avoir lieu, puisque le lycée Lumina Sophie - qui avait donné un accord de principe à ce qu'elle se déroule en son sein - s'est rétracté et que la mairie n'a pas répondu à la demande de RESF. L'association a finalement du louer une salle grâce au soutien des syndicats FSU et SUD.
Pourtant, plaide Benoît Jandreon, qui soupçonne un blocage volontaire, « il est clair que des enfants non scolarisés et désoeuvrés ont beaucoup plus de chance de sombrer dans la délinquance, parce qu'on ne leur offre pas de perspective d'avenir. Il est capital que le droit à l'éducation de chaque enfant - droit inaliénable - soit respecté ».
Vos commentaires
il faudrait déjà que les enfants en situation régulière aient tous accès à l'école.