COMMEMORATION
Les deux présidents de la République réunis
aujourd'hui à Paris pour commémorer l'esclavage, la traite et les
abolitions.
La controverse sur la date. PAGE
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M. Glissant dans le tout-Monde
Il est arrivé au bras d'une jeune femme.
Appuyé sur sa canne à pommeau de bois en forme de hachette, il
porte un pardessus en laine bleu clair. L'octogénaire porte beau.
Il habite boulevard des Invalides et donne des cours à l'université
de New York (celle-la même qui accueille la Guadeloupéenne Maryse
Condé). Jeudi soir, il est l'hôte du musée du quai Branly pour la
commémoration du 10 mai, l'esclavage, la traite et les abolitions.
Il fera des lectures de son rapport qui précise ce que doit être
son Centre des mémoires des esclavages. Des comédiens liront du
Diderot, du Schoelcher, et Toussaint Louverture. Bernard Lubat sera
au piano et les grands héros de la lutte antiesclavagiste seront
solennellement nommés. « Villepin m'a dit qu'il viendrait. » Ça n'a
pas l'air d'avoir plus d'importance. Quelle reconnaissance,
pourtant, que celle que lui ont apportée le chef de l'Etat et le
chef du gouvernement ! La jeune femme qu'il a présentée comme «
Mlle Matta », l'abandonne à la terrasse de la Rotonde. C'est
Federica Matta, la peintre et fille du peintre chilien Roberto
Matta. « Je viendrai en Martinique en décembre, jusqu'en mars. »
Paris-Atlanta, Atlanta-Fort-de-France. Ça lui évite de voyager plus
de cinq heures d'affilée. « J'irai chez moi, au Diamant... J'ai ma
petite maison, à l'entrée du Diamant... » L'oeil pétille. Une
sirène retentit. « Ça y est, ça commence les flics de Sarkozy. » «
C'est une ambulance... », relance son vis-à-vis. « Même les
ambulances, elles résonnent Sarkozy... » Il sort sa plume et
dessine sur...