Système contre anti-système

A quelques heures de la fin de la campagne des législatives dans la première circonscription, il peut être difficile de distinguer les deux candidatures d'Yvane Goua et de Jean-Victor Castor. Entre la vie associative et la vie partisane, l'une représenterait la politique anti-système tandis que l'autre en proviendrait. Cette distinction laisse plutôt dubitatif.
Alix Madeleine, Jessika Delar-René, Jérôme Harbourg choisissent l'ancien athlète tandis que Joël Prévôt-Madère et Boris Chong-Sit ne préfèrent pas révéler leur vote . Aïssatou Chambaud, la remplaçante de Thibault Lechat-Vega, investi par Peyi Guyane, ne choisit pas entre les deux candidats, reprenant à son compte leurs deux slogans.
Ce ralliement unanime changerait le caractère de la rencontre de samedi entre deux compagnons des luttes récentes contre les politiques gouvernementales et les mesures préfectorales.
Le duel du second tour voudrait opposer un candidat du système contre une candidate anti-système. Une catégorisation qui laisse perplexe.
Premièrement, entre les deux, celui qui a le plus affronté l’État, dans la rue ou au sein même de son entreprise nationalisée, c'est Jean-Victor Castor. Celui qui a connu le plus l'enfermement carcéral est aussi le Matourien.
La lutte anti-impérialiste est au cœur même de la pensée du MDES. Les objectifs de décolonisation et d'émancipation renvoient à la nécessité écrite dans les livres de Frantz Fanon de sortir de l'emprise du colonisateur qui par la conscientisation qui par l'action directe.
L'association Trop'Violans, quant à elle, lutte contre le phénomène des mules chez les jeunes, possède des missions de médiations, reste attentive aux injustices ou aux dérives de lois appliquées trop strictement. Yvane Goua et Olivier Goudet sont proche de l'association Urgences panafricanistes de Kémi Seba. Ils ont reçu Jay Asani du mouvement Rouge-Vert-Noir (RVN) de Martinique.
Mais jamais Olivier Goudet, président de Trop'Violans n'a déclaré comme Mikaël Mancé : “On a essayé la République, on va faire autrement”.

Dans le cadre militant, le duo Goua/Goudet interpelle constamment le préfet sur l'abandon des missions régaliennes mais jamais ils n'ont demandé un quelconque transfert de compétences du maintien de l'ordre.
Cela a toujours été savoureux de discuter avec des gendarmes mobiles sur les revendications portées par Yvane Goua et Olivier Goudet. “Ils sont indépendantistes”, “Ils sont racistes”, “S'ils veulent pas de nous, et bien on devrait les laisser dans leur m...” Alors que de l'autre côté de la barrière, Olivier Goudet demande : plus de gendarmes, plus de policiers, plus de commissariats, plus de magistrats, plus de greffiers...
Le MDES estime qu'il faut éduquer le peuple par un enseignement intellectuel via les Ti kozé kontré, de l'information (Rot Kozé). On peut aisément faire référence aux intellectuels révolutionnaires comme Manuel dans “Gouverneur de la rosée” de Jacques Roumain, ou d'un Nikolaï Stavroguine des “Possédés” de Dostoïevski.

De l'autre côté, Yvane Goua, diplômée de plusieurs masters en management et ressources humaines, des études rarement suivies par des militants anti-impérialistes, est elle-aussi revenue au pays. Elle a préféré se rendre chez les gens et leur demander : ”De quoi avez-vous besoin ? Quelle aide puis-je vous apporter ?”
Et elle a réussi dans cette mission. Trop'Violans reçoit quotidiennement des personnes qui font face à un mur administratif, judiciaire.
"Vous n'avez pas accès au dossier de votre fille qui vient de décéder à l'hôpital ? Trop'Violans arrive et obtient un rendez-vous en dix minutes. La police veut vous faire partir d'un squat, vous êtes Guyanais ? Trop'violans bloque l'action de l’État. Vous avez besoin de refaire le trottoir devant votre cabinet de kinésithérapie et la mairie ne donne pas signe de vie ? Le lendemain 6 heures du matin, une bétonneuse est là."
Cette technique d'approche a été utilisée par les Young Lords de Spanish Harlem à New-York dans les années 60-70. Les Black Panthers et leur célèbre petit-déjeuner peuvent se rapprocher de cette idée.
Pour autant, sur le terrain, Trop'Violans est loin devant le parti et connaît très bien les limites supportées par l'appareil répressif étatique.
Dans les deux mouvements, le rapport au mouvement de la non-violence, théorisée par Gandhi ou John Lewis est difficilement discernable.
Il est clair que personne ne se laisse marcher dessus.

Olivier Goudet a été condamné en appel à quatre mois de prison avec sursis après une altercation avec un policier. La photo de lui défiant le préfet est devenue iconique. En revanche, ils savent être assez fantasques et cabotins pour désamorcer des situations tendues.
Jean-Victor Castor a été condamné en appel à un mois d'emprisonnement avec sursis pour violences volontaires, entrave à la liberté du travail et outrages en octobre 2009 . Une condamnation contestée en cassation dont on ne connaît pas le résultat.
Pour autant, les mouvements sociaux que la Guyane a vécu depuis 2017 ont toujours prôné la non-violence. 2017 est à ce titre un exemple de maîtrise à partager dans le monde entier.
La démonstration donc d'un candidat plus dans le système que l'autre n'est pas convaincante. Jean-Victor Castor vient de recevoir ce jeudi, le soutien de Philippe Poutou et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA)
D'ailleurs, Yvane Goua a fait la promotion dans la semaine du soutien de La France insoumise alors que les groupes d'actions LFI en Guyane ont voté en faveur de Jean-Victor Castor.
Il est toujours cocasse d'exiger plus d'autonomie pour la Guyane et de promouvoir un soutien venu de 7 500 km contre la volonté des militants locaux.

Vos commentaires
Goua, pur produit du dit « système » de formation Management/DRH !!! Formée à le « faire à l’envers » aux ouvriers et employés non cadre.
« Ma petite entreprise ne connaît pas la crise »
Et ça marche.
France-Guyane contre anti-système,
Bien-pensance contre nouveauté ,
Establishment contre vente de changement
Wow, il faut mettre sa ceinture pour la lecture de cet article !
Déjà, la photo de Goudet en uniforme avec casquette étoile rouge et le "élu personnalité de l'année 2019" sur le cœur, ça envoie du lourd ! On sent qu'on va bien se fendre la poire avec des députés-animateurs comme Goua & Goudet qui seront inséparables, sous les projecteurs des médias métropolitains, hilares.
Plus sérieusement, la rétrospective de l'auteur de l'article a étonnamment passé sous silence la face obscure de Trop Violans et du MDES, les nombreux débordements racistes et xénophobes ainsi que les appels à la violence.
Le racisme de certains doit être passé sous silence, amnésié ? surprenant !
Quand à l'anticolonialisme du MDES, l'analyse se garde bien de mettre en lumière l'imposture de ceux qui se disent colonisés. Un terme extrêmement lourd et historiquement important que seuls les populations autochtones de Guyane peuvent revendiquer.
Entretenir cette imposture, c'est aussi entretenir le négationnisme Guyanais, socle des discriminations et hiérarchisations ethniques qui pourrissent toujours notre société.
Quoi qu'il en soit, il parait probable que Castor sera élu par un pourcentage ridicule d'électeurs.
Comment un homme qui a pendant 30 ans hurlé sa haine de la France et prôné l'indépendance par tous les moyens même les plus extrêmes, va-t-il mettre en œuvre à Paris son idéologie extrémiste sans le soutien de la majorité de la population locale ?
5 années à se refréner ou 5 années à incendier ?
Il est vrai que l’article ne succombe pas au raccourci, anticolonialiste=raciste. Mais cet aspect est abordé. Peut-être trop rapidement, mais il n’est pas « passé sous silence » ou « amnésié » contrairement…, petit écueil visible et gênant dans votre sens de l’objectivité, à ce que vous nous affirmez:
« …de discuter avec des gendarmes mobiles sur les revendications portées par Yvane Goua et Olivier Goudet. “Ils sont indépendantistes”, “Ils sont racistes”, “S'ils veulent pas de nous, et bien on devrait les laisser dans leur m...” »
Reste que ces «nombreux débordements racistes et xénophobes» que vous évoquez sont en effet assez peu documentés… Pour prendre ainsi, à contrepied l’auteur de l’article sur le terrain de la crédibilité, vous auriez donc pu faire l’effort d’étayer votre propos avec des exemples sourcés, parmi vos «nombreux». Quoique à ma connaissance, mais cela a pu m’échapper, la seule mise en cause judiciaire pour «injure publique en raison de l’origine» qui soit connue les concernant, porte sur le fameux «nègre de salon» dont la victime est un noir. Aussi, aidez-nous donc à tirer cela au clair, en produisant des exemples concrets, au lieu de nous faire juste l’article sur les nombreux débordements. D’autant que certains parmi eux, les fourbes, ont aussi commis quelques débordements antiracistes…Sans doute pour brouiller les pistes.
https://www.blada.com/boite-aux-lettres/infos-citoyennes/9994-Communique_du_MDES.htm
"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément." Boileau.
Autant de blablas pour demander au mec d'illustrer et/ou d'argumenter...
Malgré le désaccord, Paassy étant l’un des rares scripteurs dont j’apprécie le texte et les longueurs, je me permettais juste d’y mettre moi-aussi les formes et quelques circonvolutions, en argumentant un minimum parallèlement à mon questionnement, histoire d’étoffer la discussion… Et surtout, afin de faire honneur à mon interlocuteur qui me paraît en l’occurrence parfaitement apte à s’affranchir de la relative densité, d’une interpellation enrobée dans un énoncé un tantinet dialectique. Qui plus est, la citation de l’homme de lettres qui exhorte à la clarté et l’aisance, nous contraint-elle fatalement à cette concision frugale que semble exiger ton abrupt «autant de blablas»?
« Au café du commerce. On a aussi le droit de siroter en picorant des cacahuètes. Y’en a pas que pour le cul sec. Autant de glouglou ce serait sectaire. » Bellod. De l’école à Pernod.
Et vu que le gars Paassy il ne me semble paas si pressé, et pas si sectaire. Alors cool down Mr cop. https://youtu.be/d9pQktPoLwU
Ah désolé Bellod, je ne savais pas que vous étiez un néo-arrivant. Effectivement, il faut quelques années pour bien connaitre le contexte Guyanais. Mais si vous êtes là depuis quelques mois, peut être avez vous entendu ce qui s'est passé à l'université, où Trop Violans a été très généreux en injures racistes et xénophobes. Bien entendu vous ne trouverez aucune trace judiciaire de cela, personne ne porte plainte contre ces gens, c'est la règle, cela permet ensuite à des vierges blanches colombes comme vous de proclamer empli de mauvaise foi, qu'ils sont bien dépositaires des valeurs humanistes dont ils se réclament.
On regrettera que l'auteur de l'article ait également oublié dans sa rétrospective, décidément amputée de toute part, tous les délires complotistes antivax - pourtant très récents - que ceux qui bénéficient de votre compassion ont propagé à gorge déployée, tout comme les intimidations et menaces aux minibus de l'ARS qui allaient faire de la prévention dans les quartiers spontanés, le blocage de la population sur le pont du Larivot un jour de rentrée scolaire où un cadre du MDES tente d’écraser des gendarmes, la mise à sac de squats remplis d'étrangers, mais la protection des squatteurs Guyanais, bourgeois qui plus est. Ce n'est qu'un petit échantillon dans l'actualité récente, mais les 30 dernières années sont tout aussi prolifiques.
Vous avez le droit à l'aveuglement, et bien soit !
A mon avis vous mettez un peu tout pêle-mêle…pour réussir à décréter que Jean-Victor Castor est raciste. Pas convainquant. Je vous suis un peu plus sur la passionaria vu son complexe sur l’identitaire en mode Kémi Séba… Mais il se trouve qu’elle prend aussi la parole pour défendre les populations immigrés de l’îlet Malouins. Pas certains que son aversion pour les squats, qu’elle partage sans doute avec n’importe qu’elle esprit bien à droite, suffise à faire d’elle une xénophobe absolue. Et reconnaissez au moins que l’article faisait bien allusion à ce penchant douteux qu’à la passionaria, et son club, pour les vidéos oú l’on invective le gendarme blanc… Votre « passé sous silence » sonne un peu comme une forme de caricature sans discernement… Pourquoi donc? quel interêt?
Intéressant le vouvoiement pour quelqu'un prônant sans cesse le tutoiement...la courtoisie est à géométrie variable chez vous ?
Oui, tout à fait. Simple respect du standing comportemental de l’interlocuteur. On a beau être dans un troquet, il y a des codes… On n’aborde pas de la même manière le gars posé en costard cravate et le braillard exubérant qui distribue les noms d’oiseaux. Dès qu’il se lâche un peu, en se mettant à pousser des ahous compulsifs, ou à traiter un contradicteur de pian, je m’autorise à fraterniser illico, promis… Mais un courtois authentique à qui l’on doit de prime abord du vous, ça se repère assez vite. Paassy, n’étant par exemple pas du genre à balancer des «on s’en fout» en commentaire d’un article relatant la recherche d’un gamin disparu, finalement décédé. Le standing.
A ce compte là, n'hésitez pas à me tutoyer encore plus car effectivement on s'en fout complètement des faits divers racoleurs des nobliaux locaux.