L'ancien ministre de l'Outre-mer, Bernard Pons, est décédé

L'ancien ministre de l'Outre-mer de Jacques Chirac Bernard Pons, de 1986 à 1988, s'est éteint ce 27 avril à l'âge de 95 ans. Il a longtemps vécu en Martinique, avant de partir en 2013 s'installer dans le Sud de la France, à Aigues-Mortes.
" J'ai eu véritablement un coup de cœur pour l'Outre-mer, témoignait-il pour France-Antilles en 2018, à l'occasion de la sortie de son autobiographie " Aucun combat n'est perdu d'avance ", aux éditions de L'Archipel... Et je réalise aussi bien en Guadeloupe qu'en Martinique, l'état de retard de ces deux départements français. Les infrastructures étaient balbutiantes... Pour aller du nord au sud, il fallait emprunter des routes impossibles. La rocade de Fort-de-France n'existait pas... J'avais une vision... Mon rapport pour Georges Pompidou démontrait qu'il fallait que lui prenne en main la responsabilité de l'Outre-mer, que même si dans le futur gouvernement, il nommait un ministre de l'Outre-mer, il fallait qu'il y accorde un intérêt particulier. Il m'a entendu puisqu'il nommera finalement Pierre Messmer ministre d’État chargé des DOM-TOM. "
Ce n'est qu'en 1986, à la faveur de la première cohabitation que Bernard Pons devient ministre des DOM-TOM. " Chirac m'a demandé de m'y impliquer totalement. Il savait ce que m'avait demandé Pompidou en 1968, il connaissait mon intérêt et m'a assuré de son soutien "par tous les moyens". Il voulait que je sois ministre d’État à l'Outre-mer et c'est Balladur qui s'y est opposé, voulant être le seul ministre d’État du gouvernement... Ce qui m'importait, c'était qu'il me soutienne vis-à-vis du budget et que je puisse faire la défiscalisation et la loi programme. On a depuis critiqué la défiscalisation, mais personne ne l'a abrogée. "
Évidemment, ce passage au ministère de la rue Oudinot reste marqué par le drame de la grotte d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. " Ce sont eux (Mitterrand et Chirac, ndlr) qui ont donné l'ordre, pas moi. " Face aux attaques, Bernard Pons se retrouve seul. Jacques Chirac qui vient de perdre la présidentielle, reste aux abonnés absents. " Ce n'était pas glorieux pour Chirac, témoignait-il encore il y a quatre ans. Il se tenait très éloigné d'Ouvéa. J'étais là pour prendre les coups ! Ce n'est pas que j'ai porté le chapeau, c'est que c'était tellement commode aux autres, à Chirac, à Balladur, à Pasqua... Il n'y en a qu'un qui a été correct, c'est Giraud... "
L'amitié entre Chirac devenu président de la République et Bernard Pons va prendre fin à partir de 1997 lorsque Pons s'oppose à la dissolution de l'Assemblée nationale. Pons claque la porte. " A partir de ce moment-là, j'ai été excommunié. J'ai cru que ma familiarité avec Chirac pouvait continuer, mais en fait un président de la République ne peut plus avoir d'amis, ne peut plus avoir de copains. "
En 2002, Pons perd son mandat de député. Chirac l'a lâché. Il prend sa retraite et choisit la Martinique. " Ma femme est devenue amoureuse de Grande-Anse. " C'est la dengue en 2010 qui les en chassera. " Ma femme a été très malade, ma fille Nathalie a failli mourir et moi, j'ai eu la dengue hémorragique qui m'a valu une greffe de la valve aortique à l'hôpital Pompidou en 2013. "
Ces derniers mois, Bernard Pons se sentait fatigué, mais il se tenait toujours au courant des affaire d'Outre-mer, notamment en lisant encore régulièrement France-Antilles. Il est mort avant d'apprendre qu'il était proposé pour la nouvelle médaille d'honneur de l'engagement ultramarin, échelon d'or.
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