Les stations ouvertes jusqu'à ce que les cuves soient vides ?

Les stations ouvertes jusqu'à ce que les cuves soient vides ?

Pierre ROSSOVICH
Les automobilistes guyanais ne savent plus à quel saint se vouer (HG)
Les automobilistes guyanais ne savent plus à quel saint se vouer (HG)

Les stations sont restées ouvertes ce jeudi matin, en tout cas celles où il restait du carburant. Mercredi soir, les pétroliers Sol, Rubi (Vito) et Total - grossistes et distributeurs de carburants - déclaraient n'avoir toujours pas décidé s'ils allaient ravitailler ou non les stations aujourd'hui. « La décision est prise en métropole, on attend les instructions » , nous a-t-on expliqué chez Total.

"Nous ne sommes pas en grève, ce sont les pétroliers qui ne nous livrent pas". Voici la version officielle aujourd'hui, délivrée par un pompiste de la station gérée par Sylvie Désert, route de Baduel à Cayenne. Mais que l'on ne s'y trompe pas, c'est bien toute la filière essence qui est solidaire dans ce mouvement. Comme nous le confirmait ce matin Marc Ho-A-Chuck, autre gérant et représentant de l'intersyndicale : "il ne s'agit pas d'un mouvement des gérants uniquement où des pétroliers uniquement, nous sommes tous solidaires, car on se fait tous rouler dans la farine". 
Une assemblée générale de la filière se tiendra dans la journée et une décision commune devrait être prise. En attendant, les stations dont les cuves ne sont pas encore vides restent ouvertes. Les files d'attentes sont moins importantes ce matin après deux jours de rush.
CHANGEMENT DE POSITION
Hier matin, Sylvie Désert, représentante des gérants de Guyane, a rencontré les représentants des socioprofessionnels à la Chambre de commerce. À midi, après la rencontre, elle annonçait que les stations resteraient ouvertes, tant qu'elles seraient ravitaillées par les pétroliers... Ces derniers, eux, ne se prononçaient pas sur une éventuelle rupture des ravitaillements aujourd'hui.
« Si nous arrivons à de telles extrémités, c'est qu'il n'y a pas de discussions réelles possibles avec le gouvernement » , expliquait Patryck Dumesnil, directeur général de la société Sol Guyane. « Nous sommes à trois jours de la mise en place éventuelle de ce décret (Lurel, sur la transparence de la fixation des prix, ndlr), et on ne sait toujours pas ce qu'il y a dedans. Ce n'est pas acceptable! » Total, Rubi (Vito) et Esso sont actionnaires de la Sara, ce qui n'est pas le cas de Sol, société barbadienne.
LA FAUTE À QUI ?
Les gérants et les pétroliers jouent-ils ensemble un jeu de dupe ? Ou les gérants ont-ils pris la mesure de l'impopularité - citoyenne, professionnelle et politique - de cette nouvelle grève annoncée et se défaussent alors sur les pétroliers ?
L'impopularité de cette énième grève ne fait aujourd'hui aucun doute. Après les épisodes de mai 2013 et ceux de décembre-janvier, l'exaspération se ressent nettement parmi la population à la suite de cette nouvelle annonce de grève. Et chez les politiques aussi. Hier matin, 24 parlementaires ultramarins, de gauche mais aussi du centre, dont les Guyanais Georges Patient, Gabriel Serville et Chantal Berthelot, appelaient « le gouvernement à ne pas céder à ce chantage organisé par quelques compagnies pétrolières dont le bénéfice annuel net avoisine les 40 millions d'euros dans l'Océan indien et 33 millions d'euros aux Antilles-Guyane dans une filière qui dégage dans son ensemble près de 100 millions d'euros de profits » . Selon eux, la marge nette des gérants, ainsi que celle des grossistes, n'est pas impactée par la réforme : « Les gérants doivent donc cesser de se laisser manipuler par les compagnies pétrolières. »
À noter que, parmi les candidats aux prochaines municipales, aucun ne s'est encore prononcé sur le sujet, à part Georges Patient, en tant que Sénateur et non en tant que maire de Mana, et Gabriel Serville, en tant que député et non en tant que candidat aux prochaines municipales.

Quant au ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, il s'est montré inflexible à la sortie du conseil des ministres : « Les représentants des gérants demandent à reprendre d'une main ce qu'ils auront dû concéder, dans un jeu qu'ils sont seuls à maîtriser avec les pétroliers. »
 
 
• COMMUNIQUÉS

- MDES : " ENIEME FERMETURE DES STATIONS SERVICES "
" Face aux troubles posés par l’arrêt de la distribution du carburant.
Le MDES rappelle une énième fois que les solutions sont connues et qu’il s’agit pour nous :
• élus
• peuple GUYANAIS
d’obtenir dans les plus brefs délais :

1. Une dérogation aux normes européennes

2. Un approvisionnement dans notre environnement géographique (Trinidad, Venezuela, Suriname, Brésil) comme avant février 2007.

Et dans l’immédiat :

• Que le gouvernement fasse jouer son rôle d’actionnaire prioritaire dans la multinationale Total afin de contraindre les pétroliers à mettre fin à ce conflit
• Que le Président de Région reconsidère sa signature engageant la Guyane à garantir la pérennité de la SARA (accord URAG)
• Que les assemblées du Conseil Général et du Conseil Régional se réunissent en congrès de crise sur un ordre du jour unique :
• Dérogation européenne
• Réapprovisionnement de la Guyane dans son environnement géographique
• Arrêt du monopole de la SARA
"

Pour le MDES
Le Secrétaire Général
Jean Victor CASTOR
- CLCV GUYANE
" La CLCV GUYANE, qui défend le droit du Consommateur, le Logement et le Cadre de vie, dénonce fermement à prise d’otage systématique des consommateurs guyanais par les gérants des stations de carburants.

Bien que l’avenir de leurs entreprises, leur gagne-pain, soit une cause louable, ceux-ci mettent en péril les usagers, les transporteurs, artisans, la population en générale et l’économie guyanaise.

LA CLCV Guyane, invite les gérants de stations à trouver d’autres mesures en ne paralysant que les services de l’état, qui leurs causes préjudices et non le peuple innocent qui ne sont leurs clients et qui leurs assurent leur gagne-pain.

Les mouvements de panique orchestrés par les fermetures de stations génèrent du chiffre d’affaires exceptionnel sur de courtes périodes pour les gérants par la vente de carburant et de bidons homologués.

La CLCV Guyane, envisage d’appeler la population, les sociaux professionnels, consommateurs a organisé un mouvement de riposte par des blocages tournant et boycotte de station essences, afin de pénaliser leurs chiffres d’affaires, leurs revenus.

Le consommateur, la poule aux œufs d’or méritent un minimum de prise en compte, de respect !

Tous les médias conviés à communiquer cette information dans l’intérêt de tous les Guyanais et de la Guyane qui souffre.

Le Président
Le Président ?Po le Trésorier Adjt?
"
- PARTI SOCIALISTE GUYANAIS
" Le Parti Socialiste Guyanais appelle le syndicat des gérants de station service à tenir compte de la situation de la Guyane lors de l’Assemblée générale de ce jour. La population ne veut pas encore une fois être prise en otage. 
Le secteur économique ne peut pas être encore mis à mal.
Le PSG vous demande le choix de la raison, qui vous amène à protéger notre population et notre Département par un rejet de cette grève qui lèse toute la Guyane.
La Secrétaire Générale
Marie-José LALSIE
"
  

(Henri Griffit)
(Henri Griffit)

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