L'atelier Dartagnan Laport n'est pas qu'un
lieu où l'on « fabrique » des tambours. C'est un lieu d'échange et
de paroles où les « clients » devenus des « amis » aiment passer «
an ti moman » qui dure souvent jusqu'au bout de la nuit... Ce
jour-là dans l'atelier, les origines du tambour sont posées sur
l'établi. « Bon, soyons clair, on peut considérer que tous les
ingrédients qui composent nos tambours : feuilles de bananiers,
ficelles, peau de cabri, ferrures, etc. sont de fabrication «
maison » , mais effectivement le fût de chêne, lui, il vient de
l'autre côté de l'Atlantique! » Aline Goder finit par un bon mot :
« Mais on peut considérer que depuis le temps, même les fûts ont
pris la nationalité martiniquaise! »
UN TISON SURVIVANT
Dartagnan et elle discutent avec l'un de
leur client-ami, Edmond Mondésir. Tanbouyé, écrivain, compositeur,
ce professeur de philosophe a, avec quelques intellectuels de sa
génération, beaucoup fait dans les années 70 pour promouvoir et
contribuer à la revalorisation du Bèlè dans la culture
martiniquaise. Pour lui, le Bèlè et le mode d'ex-pression
tambourinaire sont indissociables de la pratique sociale, liée à
l'histoire de l'île. « La fonction du Tambour est un élément qui a
permis aux esclaves de développer leur existence alors même qu'ils
étaient niés dans leur condition d'êtres humains. Il a permis de
sauver leur humanité et l'expression de cette...