Meurtre de Camilla Marques Pereira : la chambre du conseil rendra sa décision le 25 janvier

Près de 6 mois après que le parquet général de Cayenne ait requis la réouverture de l'enquête sur le meurtre de Camilla Marques Pereira, Sylvain Kereneur, déjà en détention provisoire dans l’affaire du meurtre de Karina Gama de Souza, a été de nouveau cité au cours d'une audience à la chambre du conseil de la cour d'appel. Le 25 janvier, la justice décidera si l'enquête doit être rouverte ou non.
Dans le collimateur des enquêteurs depuis le début de l’enquête pour « homicide volontaire », Sylvain Kereneur, dont le patronyme est bien connu dans l’entrepreneuriat Guyanais (son père est gérant de plusieurs sociétés, et la famille possède un restaurant de standing dans Cayenne), était alors le principal suspect. Sur mandat d’amener, il a été transféré à Cayenne le 4 juin 2021, avant d’être déféré puis mis en examen pour « meurtre sur concubin ».
« Il a spontanément déclaré aux enquêteurs, en présence de son avocat, qu’ils se sont disputés dans la nuit du 14 mai à leur domicile de Cayenne. Karina Gama de Souza se serait alors saisie d’un couteau, il l’aurait désarmée, et lui aurait mis la main sur la bouche pour l’empêcher de crier. Elle serait tombée, et il aurait constaté qu’elle ne respirait plus. » a retracé le procureur de la République Samuel Finielz - s’en référant au procès verbal de la garde à vue de 96h du suspect - au cours d’une conférence de presse qui a suivi le déferrement.
Dans l’ombre de ce féminicide surgissait alors -de nouveau- l'affaire du meurtre d’une autre ressortissante brésilienne, Camilla Marques Pereira, retrouvée pour morte, en partie calcinée, sur la décharge du Larivot, le 3 août 2006.
Egalement mis en examen pendant un temps dans le cadre de l'enquête sur ce crime particulièrement odieux, Sylvain Kereneur avait été placé en détention provisoire quatre mois durant, en 2015. A l'époque, malgré un réquisitoire de non-lieu du parquet, un juge d’instruction avait rendu une ordonnance de renvoi du cayennais d'origine réunionnaise devant la cour d’assises. Après appel de la défense du trentenaire (7 avocats mobilisés sur ce dossier pour Kereneur), la chambre de l’instruction de la cour d’appel avait finalement considéré qu’il n’y avait pas d’éléments suffisants pour que la cour d’assises soit saisie. Sylvain Kereneur était alors remis en liberté, et même indemnisé.

6 ans plus tard, quelques jours après le placement en détention provisoire de Sylvain Kereneur dans l’affaire du meurtre de Karina Gama de Souza, le procureur général près la cour d’appel a requis la réouverture du dossier. « La loi impose que pour qu’il y ait une réouverture d’une affaire il faut qu’il y ait des charges nouvelles. » fait valoir Me Boris Chong-Sit, en charge de la défense de Sylvain Kereneur avec l’appui de l’avocat du barreau de Paris Archibald Celéyron.
Selon la défense du trentenaire, « le réquisitoire pour qualifier cette charge nouvelle raisonne par analogie, ils considèrent que ce sont deux relations ou petites amies de M. Kereneur qui sont victimes d’un féminicide d’une part, et que d’autre part il y a des similitudes entre les deux modes opératoires [ndlr : les modes opératoires des meurtres]».
Des similitudes dans les modus operandi de ces deux féminicides réfutées par les deux avocats. Dans leur ligne de défense, les robes noires se sont attelées à rappeler, à la barre : « il n’a jamais été établi que Camilla Marques Pereira ait pu rencontrer, ne serait-ce qu’une fois, M. Kereneur ». Et d’ajouter : « ils veulent y voir un mode opératoire similaire alors que le cadavre de Camilla Marques Perera était partiellement calciné, tandis que la dépouille de Karina Gama de Souza ne porte traces d’aucune brûlure. Elle avait de l’essence sur le corps mais elle n’a pas été brûlée ».
L’avocat des parties civiles dans cette affaire, Me Jerome Gay, nous déclarait quant à lui, en juin 2021 que « deux éléments nouveaux sont constitutifs de charges nouvelles : son arrestation, et sa mise en examen. ».
La chambre du conseil rendra sa décision le 25 janvier quant à la réouverture ou non de l’affaire du meurtre de Camilla Marques Pereira. Un arrêt attendu, qui sera suivi de près par une autre audience, le 11 février, qui étudiera la recevabilité d’une demande de remise en liberté formulée par Sylvain Kereneur, cette fois dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Karina Gama de Souza...
Vos commentaires
LA DECLARATION DE ME CHONG-SIT : «IL N’Y A AUCUNE RAISON QUE CE DOSSIER SOIT ROUVERT, ÇA ALIMENTE LES DÎNERS EN VILLE MAIS LE TRIBUNAL FAIT DU DROIT » EST INSUPPORTABLE POUR LES AMIS ET PARENTS DES VICTIMES
Soit mais il est dans son rôle. C'est un avocat qui défend son client. Ce n'est pas la foire à l'empathie. N'en déplaise à Narcisse Brandon, ça reste un fait divers. Et là justice ne se fait pas à coup d'émotions...
Au premier procès, Sylvain Kereneur avait bénéficié d’un non-lieu, défendu par Eric Dupont-Moretti. Le rôle de l'avocat justement avait été si important que la Justice n'avait peut-être pas été rendue. Et peut-être que la seconde victime en est la conséquence. La justice doit le dire pour qu’on ne reste pas dans l’empathie justement.
dtc… comme dirait l'enfariné…adepte du vouvoiment.
Soit et quel rapport ? Vous persistez dans vos distributions de bons points de moralité ?
J'abondais juste dans ton sens l'enfariné… Voici venu le temps du dtc, il faut bien s'y faire.
Grand bien vous fasse... à part alimenter les clichés sur le manque d'éducation...on ne change pas une équipe qui perd Brandon. Vous avez bien raison. Remarquez, au vu des élèves, je n'avais guère d'inquiétude sur les géniteurs...lol