Dans la deuxième partie de soirée, la musique a pris toute sa dimension et bercé la salle en harmonie avec l’enfant prodigue de la musique de Guadeloupe, Erik Pédurand et son groupe composé du guitariste Ralp Lavital, du bassiste Gwenaël Ladeux, du percussionniste Célio Chomereau-Lamotte et du clavier, Mathieu Edwards. Ce dernier, fou de musique et de basket, a été le finaliste de la Star académie 7.
Erik Pédurand a été fier de partager ses nouveaux titres en gestation avec son public. Sa chanson, Paris Chéri, rend hommage à tous les Antillais venus par le BUMIDOM. « Beaucoup d’entre vous ne savent pas que leurs parents sont venus ici en quittant une misère pour une autre… » Des paroles rythmées sur du kompa. Un équilibre parfait entre modernité et tradition, produisant une débauche de rythmes et des mélodies à écouter et à danser. Il y a eu du grand Erik sur la scène, ce samedi. Une danse offerte à Muriel, jeune fille du public originaire de Sainte-Rose, toute émue et jalousée par d’autres… Et un relatif mécontentement chez ce jeune prodige de 27 ans, agacé de trop d’erreurs techniques.
Je suis très reconnaissant envers ce public qui me suit depuis mes débuts. Je suis content que les gens soient intéressés à la fois par la musique traditionnelle guadeloupéenne, par mes chansons que je mets en musique et par mon parcours. J’apprécie.
Est-ce important pour vous de faire l’ouverture du festival Africolor ?
Pour moi qui suis un artiste jeune, qui tends à rester un artiste longtemps. Oui ! C’est un travail de tous les jours, d’arrache-pied et il faut beaucoup de self control. Je peux dire que c’est important d’être ici. C’est une grande chose.
Votre musique puise dans la tradition des campagnes et parviennent à toucher un public jeune et urbain…
Je crois que le travail d’un artiste est de traduire en musique ce qu’il ressent. Nombre de personnes ressentent plein de choses, mais ne savent pas comment les partager ou l’exprimer. L’artiste est là pour le dire. Ces émotions, nous sommes nombreux à les ressentir, alors partageons-les ensemble.
Pourquoi cet hommage aux émigrés du BUMIDOM ?
J’ai voulu rendre un hommage à tous ceux qui ont quitté une misère pour un autre. C’est l’apologie de la désillusion du BUMIDOM. Cela a été vendu comme un rêve à tous ces gens, une sorte de promotion sociale. Ils se sont souvent retrouvés devant de grandes difficultés d’un point personnel, familial et psychologique. Pour moi, c’est une grande misère. Et si les gens n’ont ni le temps ni le courage d’en parler, c’est justement à cause de ça. Parce que ça a été d’une grande violence. Je pense qu’il est temps d’en parler.
Vous avez présenté des compositions de votre prochain album. Comment sera-t-il ?
C’est un album qui tend à faire danser. Je veux faire danser tout en touchant. En tant qu’Antillais, mon observation de tout le peuple noir montre que le rythme est important. Il ne faut pas qu’on se laisse emporter, finalement, par cette danse mondialiste. On doit comprendre qui on est, sur quoi on vibre. On vibre par le rythme de la basse, le son du tambour et le timbre de la voix qui nous pénètre. Le rythme est très important chez nous et je voulais en apporter, je voulais apporter de la danse. C’est ça qui réchauffe le cœur. Peu importe ce qui s’est passé sur scène ce soir, j’ai eu plein de problèmes techniques. C’était assez drôle. Mais, finalement, se sont des choses qui arrivent et le plus important c’est le partage.
Dans votre dernière chanson, vous brandissez une conque de lambi comme un trophée. Pourquoi ?
La conque de lambi est un signe de résistance. J’ai voulu l’appréhender, la toucher pour en faire un instrument à part entière, comme d’autres l’ont fait certainement avant moi. Je voulais l’apporter dans le cœur des jeunes. J’en ai vu certaines dans le public qui étaient interloqués, se demandant ce que j’allais faire avec ça ? Effectivement, c’est quelque chose qu’on doit ramener à notre population jeune.