KONGO

KONGO

Si les 7 enfants de Cyril « Kongo » Phan ont grandi en Guadeloupe, son statut d'artiste international l'a obligé à passer plus de temps dans les avions qu'à méditer à la Rivière Rouge de Matouba. L'incroyable parcours de ce grapheur devenu, en 25 ans de carrière, un peintre mondialement célèbre n'en reste pas moins un formidable exemple pour tous les artistes de notre archipel. Avec des collaborations aussi prestigieuses que la marque Hermès, Richard Mille, ou la maison Daum, Kongo a formidablement réussi à s'affranchir du graffiti et expose désormais ses oeuvres dans les plus grandes galeries d'Europe, d'Asie ou d'Amérique.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Mon nom est Cyril Phan, plus communément appelé Kongo. J'ai grandi entre le Viêtnam, la France, la République du Congo et la Guadeloupe. Je pratique l'art du graffiti depuis les années 1980. Je fais évoluer mon art pour changer la vision négative du graffiti qui, jusqu'aux années 2000, était considéré uniquement comme du vandalisme. Je fais partie des acteurs qui ont démontré que le graffiti est une école de peinture importante et mondiale. Ayant commencé ma carrière à Paris, j'ai ensuite voyagé à travers le monde en positionnant le graffiti comme un savoir-faire à part entière, avec son procédé, ses codes et son vocabulaire graphique qui lui sont propres.
Après la reconnaissance internationale et sociale, l'étape suivante était la création de ponts entre des univers aux antipodes. Tel que le « carré Graffiti » par la Maison Hermès : matérialisation d'une rencontre entre un art urbain et le monde du luxe. Ou alors la montre RM68-01 de Richard Mille qui vient dépasser les limites de l'horlogerie en miniaturisant mon style pictural dont l'échelle était à la base monumentale.
Quelles sont vos techniques de travail ?
L'identité visuelle que j'ai mise en place se conjugue aujourd'hui en fonction des supports. Mes recherches sont concentrées sur l'expérimentation des savoir-faire tels que la sculpture, le cristal, la maroquinerie ou encore la joaillerie. Je travaille aussi de nouveaux moyens d'expression tels que le multimédia.
Cependant, la bombe reste ma technique de prédilection car elle m'a accompagné pendant des années. C'est elle qui a forgé mon style et qui a défini ma peinture telle qu'elle est aujourd'hui.

Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Mon inspiration vient de mes voyages, des rencontres et des histoires. Rien ne m'inspire plus que l'histoire et tout ce que peut vivre l'être humain.
Les liens et la trace que l'on peut laisser sur terre sont mes plus grandes sources d'inspiration. C'est en définitif la mémoire qui m'inspire.
Qu'est-ce qu'être un artiste caribéen aujourd'hui ?
Un artiste caribéen est, à mon sens, un artiste conscient de la richesse de son métissage. Il doit savoir tirer partie de la pluralité de sa culture. C'est un artiste qui sait se réinventer chaque jour et n'hésite pas à mélanger ses multiples influences.
Commentez-nous l'oeuvre choisie pour illustrer cet article...
Cette oeuvre est une réflexion aux nouveaux outils. C'est un constat de la conquête de nos cerveaux par ces petits boîtiers (Smartphones). On peut y lire les noms des diverses applications qui prennent de plus en plus d'importance dans notre quotidien. On ne peut plus se passer de ces outils qui, pourtant, ne nous sont pas nécessaires et si chronophage. Ils gagnent notre vie privée. Le questionnement que soulève cette oeuvre est « L'objet est-il à notre service ou est-ce nous qui sommes au service de l'objet ? » .
Nous sommes partagés entre le virtuel 1 et l'aspect humain des choses. La réflexion est aussi portée sur les savoir-faire traditionnels qui se perdent et des emplois liés au virtuel qui resteront. Cette oeuvre physique est rattachée à du contenu virtuel qui vous immerge dans mon univers de création. Vous serez amené à découvrir des facettes de ma création et mes influences en passant par le son, l'image et l'écriture. Ce projet a pour but de lier mon monde virtuel et mes oeuvres qui sont, elles, concrètes et palpables.
Je vous invite à découvrir cette oeuvre et bien d'autres lors de ma prochaine exposition solo, du 10 mars au 22 avril, à la galerie Taglialatella, au 117 rue de Turenne, à Paris.

















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