La grève reconduite à l'université

La grève reconduite à l'université

A.S.-M. / R.F.

La grève a débuté hier sur le pôle universitaire guyanais, bloqué pour l'occasion. Elle se poursuit aujourd'hui alors qu'une rencontre est prévue avec la présidente de l'UAG.

Les étudiants se sont rendus en cortège à l'assemblée générale (ASM & RF)

(Henri Griffit)

(ASM & RF)

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(ASM & RF)

(ASM & RF)

(ASM & RF)

Impossible, hier matin, d'accéder au campus de Troubiran à Cayenne en voiture. Dès 6 heures, des étudiants grévistes et des membres de l'intersyndicale avaient bloqué l'accès au campus, et par là même au rectorat, pour marquer le premier jour de grève sur le pôle universitaire guyanais. Conséquence : tous les cours de la journée ont dû être annulés. À 10 heures, c'est en cortège derrière une banderole qu'une centaine d'étudiants rejoignait le grand amphithéâtre pour une nouvelle assemblée générale, la deuxième après celle de jeudi dernier. Elle a cette fois rassemblé plus de 300 personnes, étudiants et enseignants mais aussi quelques personnalités venues en soutien. Si les revendications restent les mêmes, les grévistes ont tenu à rappeler qu'ils ne voulaient pas en discuter avec la direction du pôle guyanais, selon eux « discréditée » , mais avec la présidente de l'UAG, Corinne Mencé-Caster, arrivée lundi en Guyane. Une rencontre est prévue aujourd'hui mais, dans la salle, plusieurs étudiants auraient souhaité sa présence dès hier à l'assemblée générale. L'intersyndicale refusait, expliquant vouloir d'abord faire le point sur les revendications afin de présenter des propositions concrètes lors du rendez-vous d'aujourd'hui.
L'intersyndicale tenait d'ailleurs à rappeler qu'à l'origine le mouvement est né de la grogne d'enseignants et de personnels et qu'il n'est devenu qu'ensuite un mouvement étudiant. Même si c'est l'unité qui est affichée, l'équilibre entre les deux semble tout de même fragile.
Les étudiants ont bien eu la parole durant plus de deux heures, mais c'est l'intersyndicale, en fin d'assemblée, qui a rappelé les revendications et proposé les motions soumises au vote. La première concernait d'ailleurs le lien entre étudiants et enseignants, précisant qu'ils restaient solidaires les uns des autres tant que toutes les revendications n'auraient pas trouvé satisfaction. Autrement dit, même si les étudiants obtiennent gain de cause, ils continueront à se mobiliser pour soutenir le combat des enseignants. Quand les grévistes dénoncent des pressions et intimidations de la direction, les non-grévistes, eux, pointent du doigt des manipulations de la part des syndicats. Les grévistes ont également voté la mise en place de commissions chargées de faire le point précisément sur les revendications et apporter des éléments concrets lors de la réunion d'aujourd'hui avec la présidente de l'UAG. Ils ont enfin voté pour la reconduction de la grève aujourd'hui.
ILS ONT DIT... Êtes-vous favorable à une université de plein exercice ?
Priscillia, 3e année de licence mathématiques et informatique : « On doit attendre les réponses de la Martinique »
(ASM & RF)
(ASM & RF)
J'y suis favorable. Pour le sport, on doit attendre les réponses de la Martinique pour commencer les cours alors que le hall est là, les clés sont en Guyane, pas aux Antilles. Pourquoi attendre ? J'ai choisi l'option sport, j'ai un examen en janvier et les cours n'ont toujours pas démarré parce qu'il manque l'accord de la Martinique. Et c'est pareil dans de nombreux domaines.
David, 1re année de licence de droit : « On n'est jamais prioritaire »
(ASM & RF)
(ASM & RF)
Ce serait mieux pour la Guyane. Mais il ne faut pas juste être autonome et ne pas savoir gérer, derrière il faut que ça suive. Si la Guyane croit qu'elle peut être autonome, alors pourquoi pas si c'est mieux qu'aujourd'hui. La dépendance des Antilles nous met en retrait, on n'est jamais prioritaire, on arrive toujours après la Martinique et la Guadeloupe. Par exemple, ils ont déjà des bibliothèques là-bas, alors qu'ici, toujours pas.
Prisca, 3e année de licence d'éducation travail et formation : « Nous avons toutes les capacités pour »
(ASM & RF)
(ASM & RF)
Nous, on a toutes les dispositions pour être indépendants. A mon avis, on doit vraiment profiter de ce moment essentiel pour négocier et trouver un moyen de modifier la situation, et ça, ça passe aussi par la grève. Dans la situation telle qu'elle est, on est vraiment négligé. Nous avons les capacités pour aller de l'avant et gérer seuls notre avenir. Ça ne peut pas se faire à des kilomètres de nous.
André, 1re année de licence administration économique et social : « Pas pour tout de suite »
(ASM & RF)
(ASM & RF)
Ca serait bien pour nous d'avoir plus d'indépendance. Les décisions seraient plus rapides et plus adaptées à ce qu'on vit. Mais ça ne sert à rien de faire grève. Il n'y a pas assez d'étudiants mobilisés, on ne va pas nous prendre au sérieux. Gagner en autonomie OK, mais je ne sais pas ce que ça donnerait une université 100% guyanaise. En tout cas, c'est pas pour tout de suite, c'est clair!
Propos recueillis par A.S.-M. & R.F.
Où en est la LPPE ?
Les cours de la licence professionnelle protection de l'environnement ne sont toujours pas prêts de démarrer. L'enième conseil chargé de son sort a été repoussé. Prévu le 15 octobre, le conseil d'administration de l'UAG n'aura lieu qu'à la fin du mois, à une date encore inconnue. Une situation qui alarme les seize étudiants, qui ont un mois et demi de retard. Le report serait dû, par effet boule de neige, au retard qu'a pris avant lui un comité technique à se réunir.
Pour rappel, la licence, ouverte depuis 2005, subit cette rentrée une procédure habituellement réservée aux filières qui ouvrent ou ferment. Or, aucune virgule n'a été modifiée dans la maquette, affirme sa responsable, Ghislaine Prévot. Le précédent conseil réuni a donné un avis favorable mais a estimé que les financements n'étaient pas prêts. Pour la responsable, le budget pédagogique (travaux pratiques, matériels, sorties) est lui déjà calé. Le reste (salaire des enseignants) relève de la compétence de l'UAG, qui normalement est déjà subventionnée ministériellement.
FACE À FACE
Precilia Ellapin Porte-parole des étudiants inscrits en LPPE : « On obtient plus en agissant »
(ASM & RF)
(ASM & RF)
Je suis très satisfaite, les jeunes Guyanais montrent qu'ils se mobilisent pour un combat qui n'est pas si facile. Cela montre qu'il existe une solidarité étudiante, même si nous pourrions être plus nombreux. Je n'accepterai pas la présence des dirigeants du pôle guyanais lors de la rencontre avec la présidente de l'UAG. Personnellement, je me suis faite agresser par des personnes qui dirigent le pôle, donc je ne veux plus leur parler, d'autant qu'on obtient plus en agissant. C'est vrai que le mouvement a été lancé par l'intersyndicale, mais c'est la LPPE qui en est à l'origine. C'est nous, étudiants inscrits à la LPPE, qui sommes allés à la rencontre des syndicats car on avait besoin d'un soutien et d'une protection. Il n'est pas dans l'intérêt des étudiants que la grève dure trop longtemps, mais tant que tout ne sera pas résolu de manière concrète, le mouvement ne s'arrêtera pas.
Aurore Sagne Vice-présidente étudiante du pôle Guyane : « Les étudiants seront pris en otage »
(ASM & RF)
(ASM & RF)
Lors de cette AG, ils ont dit aux gens ce qu'ils voulaient entendre. Ils n'ont pas donné la parole à leurs adversaires, ça se passe toujours comme cela. Ils ne s'appuient pas sur des documents ou des faits irréfutables, seulement sur des témoignages. Que la grève se poursuive et qu'on empêche des étudiants de travailler, c'est inadmissible. On veut faire porter le chapeau à l'université mais les dossiers sont déjà en train d'être gérés ou ils ne dépendent pas de l'université. La restauration, c'est en cours, le logement, c'est en cours, les transports, c'est le SMTC (appelé maintenant RCT, ndlr). Ce mouvement est contrôlé de long en large par les syndicats d'enseignants. Ils parlent de manipulation, mais dans ce cas la manipulation est des deux côtés. Ce qui me désole, c'est que les étudiants auront gain de cause mais seront pris en otage dans ce mouvement.
(Henri Griffit)
(Henri Griffit)

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