« Tout ceci n'est qu'un point de départ. »
Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'Agence spatiale
européenne (Esa) a du mal à cacher son enthousiasme derrière ses
petites lunettes rondes. « On va changer d'ère » , a-t-il
poursuivi. Il faut dire qu'il a dû ronger son frein, tout comme les
autres, pendant près de quatre heures en attendant la fin de la
mission. Effectivement, cette première mission, particulière à plus
d'un titre, devait durer 3 heures 49, le temps que le dernier étage
du lanceur dépose les deux satellites Galileo sur un point très
précis de leur orbite. L'annonce du premier succès de Soyouz en
Guyane par le directeur des opérations a donné place à quelques
scènes de joie, ponctuées par beaucoup de soulagement. « Que de
difficultés surmontées » , s'est réjoui Jean-Yves Le Gall,
président-directeur général d'Arianespace qui affichait une rare
décontraction. « On vient d'ouvrir un nouveau chapitre de notre
histoire, celui d'une Europe qui réussit, qui s'affirme et une
Europe qui sait coopérer. » Pour la première fois de l'histoire, ce
lanceur mythique ne s'est pas appuyé sur le sol russe pour
s'envoler, trouvant en Guyane une deuxième patrie.
Suppléer le GPS américain
« J'ai toujours pensé qu'il était important
d'emmener le plus de lanceurs possibles. C'est bon pour la base
spatiale, c'est bon pour la Guyane » , a ajouté Le Gall,
visiblement ému de voir passer Soyouz au-dessus de la forêt
guyanaise. Laurent Wauquiez, ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Recherche a aussi salué cette réussite « de la coopération
» . « C'est l'alliance entre l'extraordinaire fiabilité de Soyouz
et l'extraordinaire compétitivité du Centre spatial guyanais. Cela
nous donne une force et une avance extraordinaires en termes de
compétitivité dans la politique spatiale....