Danses métisses dévoile des talents

Danses métisses dévoile des talents

Rosane FAYET
Jérémy en répétition avec Cristina Santicci, de la compagnie Carolyn Carlson. Elle aussi se représentera en solo ce soir (HG)
Jérémy en répétition avec Cristina Santicci, de la compagnie Carolyn Carlson. Elle aussi se représentera en solo ce soir (HG)

C'est l'une des révélations de ce festival. Jérémy Edward, jeune Guyanais, fait une représentation ce soir à l'Encre, sur un solo contemporain. Une première pour ce passionné de modern jazz. Rencontre avec un petit surdoué.

Talentueux, fragile et ambitieux. Jérémy Edward, un Cayennais de 21 ans, est l'une des surprises de cette neuvième édition de Danses métisses. Non, Jérémy ne fait pas de la danse depuis l'enfance. Cela ne fait que trois ans qu'il apprend. Arrivée de Roubaix avec une chorégraphie spécialement pensée pour Jérémy, Cristina Santucci le rencontre pour la première fois. Avec un regard expérimenté et extérieur, elle se dit « surprise » de savoir qu'il est un si jeune danseur. Le petit prodige raconte : « J'ai eu une révélation en rentrant au lycée, grâce aux pom-pom girls » , mais il n'ose pas se lancer, « c'était les études d'abord » . Ça ne l'empêche pas de dévorer des vidéos de danse et improviser spectateurs ses frères et soeurs. Son bac littéraire en poche, il intègre quelques mois plus tard le Conservatoire de musique, danse et théâtre de Cayenne (CMDT). Le progrès est fulgurant. « J'avais la niaque. »
En à peine quatre mois il est sélectionné, avec une dizaine de camarades, pour deux semaines de stage à New York. « C'est le moment que j'attendais le plus. Je voulais voir si je supportais ce milieu.C'étaitune confirmation. »
OBJECTIF : NEW YORK
Juillet 2014 sera un mois décisif. Il passera des auditions pour intégrer la Alvin Ailey American dance theater, prestigieuse compagnie new-yorkaise. Comprendre l'histoire de Jérémy, c'est aussi comprendre son aisance. « La raison pour laquelle je danse et je me surpasse, c'est que j'ai beaucoup de tristesse en moi. Je n'ai jamais connu mon père, même pas en photo. À chaque fois que je danse, c'est à lui que je pense. » Toute son émotion sublime sa danse. Inversement, la danse est son remède. « Grâce à elle, je peux maintenant en parler sans pleurer. »
Une fragilité qu'il véhiculera sur scène ce soir à l'Encre, sur un solo de 23 minutes. Depuis le 12 novembre, Cristina Santicci, de la compagnie Carolyn Carlson (Roubaix), répète ce moment avec le jeune homme.
« Sa sensibilité m'a beaucoup inspirée. Il est à la fois fragile et fort, avec une carapace à creuser. J'aime ça. » Cristina lui laisse aussi un moment d'improvisation. Après quoi, il innovera en chantant pour le final. « Un exercice pas facile après avoir dansé si longtemps » , commente-t-elle.
L'Italienne, installée en France depuis près de 15 ans, lui glisse un dernier petit conseil avant la prestation de ce soir : « Il ne faut qu'il soit trop cérébral, laisser parler sa faiblesse constituera sa force. »
LES TEMPS FORTS DU WEEK-END - Tous les spectacles ont lieu à l'Encre.
- Vendredi de 20h à 23h
- Cie Carolyn Carlson (Roubaix). Jérémy Édouard, jeune Guyanais, suivi de celui de Cristina Santucci. Solos contemporains.
- Cie Norma Claire (Guyane) et Cie Art Mouv'(Corse). Trio contemporain.
- Cie Quasar de dança (Brésil). Huit danseurs, contemporain.
- Samedi de 20h à 23h
- Cie Myriam Soulanges (Guadeloupe). Duo contemporain.
- Cie Donko Seko (Mali). Solo contemporain de Ketty Noël.
- Cie CFB 451 (France). Duo et trio contemporain.
- Cie Ayiokodans (Haïti). Six danseurs, contemporain.
- Dimanche de 18h à 21h30
- Cie Yohan Faubert Aka J-SSik (Guyane). Solo, hip-hop.
- Cie Art & fact (Martinique). Duo, contemporain.
- Cie Art Mouv'(Corse). Quartet, contemporain.
- Cie Kader Attou, Accrorap le CCN de La Rochelle. Cinq danseurs de hip-hop.
Tickets en prévente dans les boutiques Carioca (Cayenne et Suzini). Tarifs : 10 euros (plein), 5 euros (réduit), 25 euros (pass 3 jours). Tél. 05 94 31 54 16.
Un danseur hyperactif
En attendant son départ espéré pour New York, Jérémy Edward transmet son savoir. Cela fait trois ans qu'il fait gagner l'équipe du lycée Félix-Éboué au concours de pom-pom girls... Aussi, il y a six mois, il monte une troupe baptisée FE. Fenix. Ses douze danseurs se représentent dans des manifestations culturelles locales et auprès de chanteurs, tels Marvin et Kim récemment. Leur projet pour le Nouvel an est de réaliser une vidéo rassemblant un maximum de danseurs, sur un parcours dans les rues de Cayenne.
(Henri Griffit)
(Henri Griffit)

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