En quoi la société martiniquaise est un
terrain de recherche intéressant pour les neurosciences et la
psychologie clinique d'une manière générale ?
Dans ma pratique et mes analyses
scientifiques, j'utilise une approche intégrative. J'associe
différents concepts et différentes méthodes complémentaires et non
contradictoires m'offrant alors une meilleure compréhension des
mécanismes et des phénomènes rencontrés à la Martinique notamment
les problèmes d'addiction, de délinquance ou encore les
traumatismes.
Vous avez travaillé sur les transmissions
du traumatisme notamment autour des conduites addictives. Mais
avant cela, comment répertorier et analyser nos traumatismes
?
Certains de mes travaux portent sur la
transmission transgénérationnelle. Il s'agissait pour moi de
vérifier s'il y avait des répétitions de certains phénomènes d'une
génération à l'autre. Je pense aux conduites addictives certes mais
également aux maladies graves, aux difficultés sociales et aux
troubles psychopathologiques. Aussi, je suis remontée sur trois
générations et ai observé les phénomènes qui se répétaient à partir
d'un outil appelé le génogramme. Il a été mis en évidence que les
problèmes familiaux tels que les conflits familiaux, la dépression
ou encore le décès, agissaient sur l'axe transgénérationnel,
c'est-à-dire de parents à enfants mais également sur l'axe
intergénérationnel c'est-à-dire entre frères et soeurs. Ce qui a
été marquant dans ces résultats sur la transmission, c'est qu'en
2012, date de l'étude en question, la figure maternelle aussi bien
celle de la mère que de la grand-mère, restait surinvestie, là où
la figure paternelle restait absente. L'analyse qu'il en...