Après une chute en jet-ski, Patrice Adin a été miraculeusement sauvé le lendemain de sa disparition. Il raconte son combat contre la mort et pointe du doigt les services de recherche.
« C'est nage ou crève! On n'est jamais préparé à ça. Dormir dans l'eau, souffrir de la faim, du froid... » Patrice Adin, chirurgien-dentiste de profession et champion de jet-ski, a vécu l'enfer en mer dans la nuit de samedi à dimanche. Parti pour une heure d'entraînement vers 16 h 30, l'homme fait « une chute stupide » . Les conditions sont optimales, Patrice est parti seul après le désistement d'un ami. Après une demi-heure en mer, il tombe en essayant de fermer le capot de son engin. Le coupe-circuit ne s'enclenche pas, le jet-ski continue sa virée à haute vitesse. « Impossible de le rattraper! » Le seul lanceur d'alerte possible, son téléphone portable, est dans le jet-ski, déjà loin. Patrice est seul avec lui-même. La nuit tombe, sa famille donne l'alerte. Équipé d'un casque et d'un gilet de sauvetage, il passe toute la nuit dans l'eau. « On est soumis à son destin » , et à son instinct de survie...
Le naufragé jongle entre marées haute et basse pour ne pas trop s'éloigner des côtes. Il retire et remet son casque pour sa respiration ; se laisse flotter sur le dos pour ne pas puiser toutes ses forces ; se prive d'uriner pour ne pas se déshydrater. Ses conditions physiques de sportif constituent un autre atout déterminant. Les secondes sont « interminables » . Il évalue sans cesse le temps et l'espace. « Je repérais Cayenne, Tonate, Kourou grâce aux halos. »
Le coup est dur aux alentours de 23 heures lorsqu'il aperçoit un hélicoptère qui, lui, ne le voit pas. Les poissons sont là et viennent de temps en temps « voir quel goût on a » . Dimanche matin, vers 8 h 30, il est retrouvé à l'embouchure du Kourou.
Heureux d'être en vie, Patrice Adin se dit également « attristé » par le manque d'équipements et de « vrais » professionnels sur le département. S'il a été sauvé, insiste-t-il, c'est à « 90% grâce aux moyens privés » mobilisés par ses amis : Pascal Vaudé d'une part, vainqueur de Rames Guyane en 2012, et Carol Ostoréro, mère d'un ami proche, autre champion de jet-ski. « C'est elle qui a fait du forcing auprès de la gendarmerie pour qu'ils acceptent le survol d'un hélicoptère privé. » De plus, le naufragé ne comprend pas que la société NVH lui réclame désormais 10 000 euros pour l'opération. De leur côté, les services de l'État et de sauvetage affirment que tout a été fait, des vedettes et hélicopèteres ayant été mobilisés.
Revenu de loin, Patrice Adin n'abandonne pas pour autant sa passion. C'est sur le ton de la plaisanterie qu'il lance : « Maintenant j'embarquerai mon téléphone dans le cou, une balise GPS et une lampe flash! »