Près d'un foyer sur deux n'a pas de connexion internet

Près d'un foyer sur deux n'a pas de connexion internet

C.R.-V.
Les familles avec enfants sont plus nombreuses à être équipées d'un ordinateur et d'une connexion à internet.
Les familles avec enfants sont plus nombreuses à être équipées d'un ordinateur et d'une connexion à internet.

La première étude sur les équipements et les usages numériques en Martinique confirme le retard de connexion sur la métropole. Les pratiques, elles, restent classiques. Quant à Orange, il reste leader du marché. Pour l'instant.

Voilà une étude qui va en intéresser plus d'un. Réalisée par l'institut LH2dom et différents partenaires en 2012 et publiée il y a quelques semaines, elle éclaire sur l'usage et l'équipement des Martiniquais en ce qui concerne les technologies de l'information et de la communication (TIC). Internet, téléphone mobile, télévision, les études sur la pratique des utilisateurs se limitaient jusqu'à présent à la métropole. Alors que ce marché évolue sans cesse, connaître les pratiques sur notre territoire permettra peut-être aux professionnels du secteur de mieux répondre aux attentes du public.
Si les disparités entre la Martinique et la métropole ne prennent pas toujours de grosses proportions, la plus grosse inégalité concerne l'accès à internet. Cet indicateur quantifie la fracture numérique entre les deux territoires. Quand 56% des foyers martiniquais déclarent être munis d'une connexion internet à domicile, ils sont près de 75% en métropole. Cet écart se retrouve à propos des personnes qui déclarent être équipées d'un ordinateur personnel. 97% d'entre elles sont connectées à internet en métropole, 81% de ce côté-ci de l'Atlantique.
LES 15-25 ANS RAFFOLENT DES RÉSEAUX SOCIAUX
Sans surprise, ces chiffres s'expliquent par trois raisons principales : des offres plus onéreuses et moins complètes qu'en métropole, des zones moins bien desservies, des disparités socio-économiques accrues.
Une fois connectés à internet, les usagers en ont une pratique assez classique. Les deux activités les plus répandues sont la consultation de sites d'informations (71%) et la réalisation de démarches administratives (66%). Suivent la fréquentation des réseaux sociaux (59%) et les achats sur internet (57%), puis l'écoute de musique (44%). Pour les réseaux sociaux, le pourcentage grimpe à 93% chez les 15-25 ans. Autre pratique qui diffère selon la tranche d'âge : la recherche d'emploi. Effectuée sur internet par 26 ?% des personnes interrogées, cette technique est répandue chez 51% des 20-35 ans.
Moins on est âgé, plus on se connecte : cela se vérifie dans les chiffres. Un tiers des plus de 65 ans interrogés affirment ne jamais utiliser internet et n'y porter aucun intérêt, alors qu'ils ont une connexion à domicile, 90% des 15-19 ans qui y ont accès vont sur le web tous les jours.
DIGICEL, UN CONCURRENT SÉRIEUX
L'étude s'intéresse également aux fournisseurs d'accès. Historiquement présent aux Antilles, Orange capte 55% du marché auprès des particuliers. L'opérateur devance largement Only (18%) et Mediaserv ( 17%), Numericable et Canal Connect, avec 4% chacun, fermant la marche.
Orange ne domine pas autant le segment de la téléphonie mobile. Avec 43% des lignes personnelles, il est talonné par Digicel (37%), à distance respectable d'Only (20%). En revanche, chez les moins de 35 ans, c'est Digicel qui passe en tête, tandis qu'Orange reprend la main chez les plus âgés. Avec l'arrivée de la 4G mobile, qui se prépare pour au mieux la fin de l'année prochaine, la bataille commerciale est loin d'être terminée entre opérateurs. Aujourd'hui leader du marché, Orange sait que le moindre attentisme pourrait lui coûter cher.
Un tiers des plus de 65 ans interrogés affirment ne jamais utiliser internet et n'y porter aucun intérêt.
Un tiers des plus de 65 ans interrogés affirment ne jamais utiliser internet et n'y porter aucun intérêt.
EN CHIFFRES
69%
Près de sept foyers sur dix sont équipés d'un ordinateur, contre 75% dans l'Hexagone. Les ordinateurs portables sont plus nombreux que les fixes.
2 h 30
C'est la durée moyenne de connexion par jour des personnes inter rogées. Cela varie peu entre la semaine et le week-end. Seul 17% des internautes déclarent se connecter moins d'une heure par jour.
97%
Seul 3% des foyers n'ont pas de télévision. Il y en a environ 200 000 en Martinique, ce qui donne une moyenne de 1,3 télévision par ménage. 25 en ont deux ou plus. Enfin, 66% des postes sont des écrans plats et 60% sont compatibles HD.
100%
Toutes les personnes inter rogées âgées de 20 à 25 ans déclarent posséder un téléphone portable, contre 66% des 56 ans et plus.
37 euros
C'est le budget moyen mensuel en téléphonie mobile. Un peu plus élevé chez Orange (42 euros) que chez Only et Digicel (32 euros).
50 euros
C'est le budget moyen mensuel pour l'accès à inter net. La différence n'est pas énorme entre une simple connexion (40 euros), une offre « double play » (incluant la téléphonie, 50 euros) et le triple play (avec la TV, 54 euros).
TROIS QUESTIONS À DANIEL LADIEU, président fondateur de LH2Dom Antilles-Guyane : « Un état des lieux numériques Outre-mer était une nécessité »
Cette étude est une première. A-t-elle eu un écho favorable auprès des opérateurs telecoms ?
Tout à fait. Ce qui les a fortement intéressés, c'est la taille de l'échantillon de personnes interrogées, 1 000 personnes par département d'Outre-mer. 1 000 personnes, c'est habituellement la taille d'une étude réalisée en métropole et qui va concerner 60 millions d'habitant.
À l'échelle d'un département domien, c'est assez inhabituel. À partir des résultats, les opérateurs peuvent cibler leurs offres beaucoup plus finement par catégorie de consommateurs.
L'ampleur de cette étude est donc également inédite ?
À ma connaissance, oui. Certaines institutions possèdent des données sur les TIC (technologies de l'information et de la communication), mais peut-être pas de cette ampleur. Faire un état des lieux numérique Outremer était une nécessité.
Preuve de l'importance accordée à cette étude, qui a été diffusée publiquement, elle a été pilotée par le ministère des Outre-mer, en coordination avec l'Arcep, le CSA et l'Union européenne. En terme d'équipements numériques publics, les résultats serviront aussi.
Le marché du numérique évolue rapidement. Cette étude sera-t-elle encore pertinente dans deux ou trois ans ?
À l'évidence, non. Les usages évoluent très vite, bien plus vite que le taux d'équipement, qui n'augmente plus beaucoup depuis deux ans. C'est la manière de consommer le numérique qui change. Ce qui est sûr, c'est qu'il va falloir dimensionner les réseaux à la mesure de l'utilisation que les Domiens en font. Je pense notamment à la vidéo, qui se développe énormément et qui réclame des débits importants. Nous avions réalisé en 2010 une étude très détaillée sur les usages d'internet (l'étude « TWAG » , Tendance Web Antilles-Guyane).
Nous avons en projet de la reconduire en 2014. Cette mise à jour est notamment très attendue des entreprises, qui veulent en savoir plus sur les usages numériques pour adapter leurs investissements.

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