Les grévistes du Pug réinvestissent la rue

Les grévistes du Pug réinvestissent la rue

P.R. & A. S.-M.

Après un mois de mobilisation, les grévistes du Pôle universitaire guyanais ont remis la pression aujourd'hui avec une manifestation et un appel à la grève générale dans l'Education nationale.

Une nouvelle manifestation a lieu ce matin depuis 8h30 en soutien aux grévistes du Pug. Pour le collectif étudiant et l'intersyndicale, l'objectif majeur de cette journée est de mobiliser un maximum de personnes derrière ce qui est devenu la revendication ultime : la signature d'un décret pour une université de plein exercice en 2015.

Environ 500 personnes se sont réunies au départ de la marche au Campus Saint-Denis, à 8h30. À l'arrivée devant la préfecture, les manifestants étaient près de 2 000, dont de nombreux lycéens et de citoyens.

Ce matin, vers 7h00, des manifestants ont bloqué le rond-point de la Crique Fouillé durant plus d'une heure. Les manifestants ont ensuite quitté les lieux pour rejoindre le Campus Saint-Denis. 

« On a commencé les négociations avec un gouvernement, si on attend 2017, on ne sait pas avec qui on continuera de discuter, » lançait hier Jules (1), étudiant en deuxième année de licence, sur le piquet de grève à Troubiran. Pour l'heure, seul Gabriel Serville a accepté de revoir sa copie. Avec la mobilisation d'aujourd'hui, les étudiants comptent bien faire fléchir les parlementaires et le président de Région.
VERS LA GUERRE DES PÔLES ?
La manifestation d'aujourd'hui se fait aussi dans un contexte particulier au sein de l'UAG. Sur le pôle Guadeloupe, l'idée d'une université de plein exercice commence à faire son chemin, même si on y parle plus, pour l'instant, d'autonomie. En Martinique, en revanche, la communauté universitaire commence à se mobiliser en faveur du maintien de l'UAG. La grogne y est nourrie par un projet de protocole d'accord qui prévoit notamment que tout départ en retraite sur les pôles antillais serait remplacé par un poste créé en Guyane. C'est donc une autre partie de bras de fer qui débute, à distance celle-ci, entre les pôles Guyane et Martinique avec la Guadeloupe comme arbitre.
En outre, le réseau agglo'bus de la RCT (Régie Communautaire de Transport) est "fortement perturbé, voire totalement interrompu" aujourd'hui en raison d'un mouvement de grève, indique la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral.
Les écoles maternelles et primaires de Cayenne et de Montsinéry-Tonnégrande étant fermées, le service de transport scolaire à destination de ces établissements ne sera pas assuré.

(1) Le prénom a été modifié.

Manif du 7 novembre from France Antilles Guyane on Vimeo.

ET AUSSI...
Manifs à Cayenne et Saint-Laurent
À Cayenne, la manifestation débutera à 9 heures au campus Saint-Denis, direction les Palmistes. Selon le collectif étudiant, seul le dépôt d'une motion est prévu en préfecture. Une manifestation est également prévue à Saint-Laurent avec rassemblement à 9 heures devant le local de l'UTG.
Cinq lycées bloqués
Hier matin, des barrages ont été dressés à proximité de cinq lycées de l'île de Cayenne. Au lycée de Balata, l'accès à l'établissement était impossible en début de matinée, il a ensuite été débloqué par le proviseur.
« Urgent d'attendre »
Quatre anciens présidents de l'UAG et deux anciens directeurs d'IUFM ont co-signé une lettre ouverte aux trois présidents de Région et aux parlementaires, les appelant à la prudence. Selon eux, « il y a urgence à ne pas précipiter des choix et des décisions, dont les incidences, pour notre institution, n'auraient pas été suffisamment mesurées » .
Soutien à Fotsing et Dorville
Six vice-présidents de l'UAG dont les quatre VP étudiants ont rédigé une motion adressée à la ministre Fioraso. Ils se disent indignés de sa décision « de suspendre la gouvernance élue du pôle Guyane, alors même qu'elle ne leur reconnaît aucune faute avérée » .
 
 
Lettre ouverte d’Universitaires aux Présidents de Régions et aux Parlementaires de Guadeloupe, Guyane et Martinique

" Le 03 novembre 2013

L’Université des Antilles et de la Guyane est actuellement l’objet de nombreux échanges et de multiples communiqués dans les médias. Cet établissement d’enseignement supérieur a formé un nombre important de cadres exerçant dans les territoires des Antilles et de la Guyane. Durant les 40 dernières années, elle a en toute fraternité entre Guadeloupéens, Guyanais et Martiniquais, oeuvré pour le maintien et le développement d’un ensemble universitaire de qualité.

Aujourd’hui, du fait d’une crise sur le pôle Guyane, les annonces se multiplient quant à l’évolution du dispositif de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche dans cette région.

Les Responsables Universitaires que nous sommes ou avons été, estiment qu’il y a urgence à ne pas précipiter des choix et des décisions, dont les incidences, pour notre Institution, n’auraient pas été suffisamment mesurées. On peut citer comme exemples d’incidences, le développement de la recherche, les évolutions de la carte de formations notamment celle des masters, l’affectation des emplois d’administratifs et d’enseignants chercheurs, la coopération régionale, etc..,

Il y a donc, plus que jamais nécessité, pour la gouvernance de l’Université de poursuivre la réflexion au sein de la communauté universitaire et de se concerter avec les divers acteurs, afin d’aboutir à la construction d'un nouveau projet inventif.

Ce projet, s’imprégnant des orientations inscrites dans le rapport des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et intégrant l’acte III de la décentralisation, doit être soucieux des équilibres socioéconomiques et des aspirations de chacune des populations de nos territoires.

L’exemple de l’Université des West Indies, devrait interpeller tous les acteurs de cette réflexion. Madame et Messieurs les Présidents de Régions, Mesdames , Messieurs les parlementaires, nous sommes persuadés que vous êtes préoccupés avant tout, par notre jeunesse et par la formation qu’elleest en droit d’attendre , que vous êtes convaincus de la responsabilité que nous avons tous de garantir à nos étudiants un dispositif d’enseignement et de recherche fort, attractif, de qualité et qui dépasse les clivages personnels et territoriaux .

Pour répondre à ces préoccupations, il est impératif de renforcer le projet de développement de la formation universitaire et de la recherche dans nos pays, dans la sérénité, hors contexte de crise, avec le seul souci de l’intérêt général et supérieur des jeunes qui seront demain, chargés de l’avenir et du rayonnement de nos trois pays
".

Signataires :
Jacqueline ABAUL, Professeure des Universités, ancienne présidente de l’UAG et Rectrice.
Alain ARCONTE, Professeur des Universités, ancien président de l’UAG.
Jacques PORTECOP, Professeur des Universités, ancien président de l’UAG.
Philippe SAINT-CYR, Professeur des Universités, ancien président de l’UAG.
François-Max DORVILLE, ancien directeur de l’IUFM Guadeloupe.
Gilbert PAGO, ancien directeur de l’IUFM Martinique.
 
 
 
 
COMMUNIQUE du collectif des femmes de Guyane

" Nous, les femmes de Guyane, en soutien à la grève des étudiants, disons notre indignation face aux arguments qui ont été opposés aux revendications légitimes de la communauté universitaire de Guyane. Pourquoi voulons-nous une université de plein exercice en 2015 ?
- Il y a urgence, car la lutte menée aujourd’hui par cette génération doit lui profiter ainsi qu'aux générations futures.
- Il y a urgence parce que l'actualité brûlante nous a démontré l'extrême gravité de la situation administrative et budgétaire de l'UAG, par la voix de sa présidente même.
- Il y a urgence, dans la mesure où les réformes récentes de l'université ont multiplié les outils de gestion et de planification des moyens financiers et budgétaires de l'université. Pour être opérationnelle en 2015, l'université de la Guyane doit donc être créée en 2013. - Il y a urgence, parce que cela fait 30 ans que nous attendons notre université de plein exercice.
- Nous nous positionnons en dehors de tout calcul politique et loin de tout agenda électoral, qui prendrait en otage l'avenir de notre jeunesse Pourquoi voulons-nous un décret et pas une ordonnance ? Parce que c'est le décret qui, selon les textes en vigueur, crée l'université, établissement public ; et non une ordonnance.
Enfin, nous rappelons avec solennité que la venue de la ministre est plus que jamais nécessaire puisque c'est elle qui est habilitée à prendre la décision du décret nécessaire à la création de l'université de GUYANE
Par ailleurs, nous tenons à démentir avec la plus grande vigueur les propos mensongés du préfet de Guyane déclarant ce dimanche 3 novembre au Journal télévisé de Guyane 1ère que toutes les revendications des étudiants en grève ont été satisfaites.
Non, elles ne sont toujours pas satisfaites et le combat pour une université de plein exercice en 2015 continue pour l’intérêt de tous les jeunes de Guyane.
Ce combat nous concerne tous ! Luttons ensemble aux côtés de notre jeunesse. Ansanm nou ka briga, ansanm nou ké gannyen
"
Les femmes de Guyane
 
 
 
La motion de six-vice-président de l'UAG

" Nous, vice-présidents élus de l'université des Antilles et de la Guyane, nous indignons de la décision prise par notre ministre de tutelle de suspendre la gouvernance élue du pôle Guyane, alors même qu'elle ne leur reconnaît aucune faute avérée.

Sans entrer dans le fond du débat, sans viser la défense de personnes, nous exigeons que les principes universitaires soient respectés, et que la recherche de solutions à la crise actuelle n'entache en aucun cas la démocratie et l'autonomie universitaires.

Nous défendons là un principe essentiel visant à préserver la dignité de notre établissement, sa stabilité et son statut universitaire, au même titre que toutes les autres universités du système français.

Par conséquent, nous demandons fermement à Mme la Ministre de considérer que la démission d'élus ne saurait constituer une réponse satisfaisante aux problèmes posés
."

Marie-Ange Arsène, VP Conseil scientifique de l'UAG
Antoine Delcroix, VP CEVU de l'UAG
Lionel Vincent, VP étudiant de l'UAG
Thierry Trompette, VP étudiant du pôle Guadeloupe de l'UAG
Aurore Sagne, VP étudiante du pôle Guyane de l'UAG
Aurélie Nella, VP étudiante du pôle Martinique de l'UAG
 
 
 
Lettre ouverte à la population guyanaise

" Cayenne le, 03.11.2013

Je suis âgé de 17 ans et je suis lycéen à Félix Eboué. En tant que jeune guyanais, je m’avoue extrêmement déçu, révolté, outré et énervé de voir la place qu’on accorde à la jeunesse et l’importance qu’on lui donne. J’ai suivi de très près, ce dès le début, le mouvement de grève des étudiants, professeurs et personnels du Pôle Universitaire de la Guyane (PUG). Je trouve cette action tout à fait légitime et j’estime que le Pôle Guyane ne peut plus continuer à être géré par une administration indifférente située à 2000 km de la Guyane et ne manifestant aucune volonté de faire avancer le Pôle Guyane. C’est pourquoi je pense que l’université de plein exercice est devenue indispensable en Guyane.

J’ai moi-même assisté à une réunion avec les élus de Guyane le 02 novembre 2013 en qualité de représentant lycéen invité par le Collectif Etudiant (CE). Cette réunion s’est déroulée en présence du Recteur, du Préfet, des sénateurs, des députés et du Président de région. J’ai vu certains de nos élus en train de jouer à Tetris, envoyer des textos et bavarder entre eux lors de la prise de parole de nos étudiants et des membres de l’intersyndicale. Je pense que s’ils avaient une pancarte affichant « Vas te faire voir ! » aurait été beaucoup moins insultant et beaucoup plus honnête envers la jeunesse guyanaise.

En cours d’Education Civique Juridique et Social (ECJS) au lycée, on m’a appris que les parlementaires étaient élus par le peuple afin de le représenter et que le représentant de l’Etat dans un département était avant tout le préfet. Hier, j’en suis venu à mettre en question cet enseignement car j’avais l’impression d’être assis en face de représentants de l’Etat tant ils défendaient la position de l’Etat et n’écoutaient pas les demandes des étudiants.

La jeunesse, nous dit-on, représente « l’avenir du pays »; mais quand cet avenir tente de se faire entendre en exigeant l’excellence et qu’il se fait mépriser par la majorité des élus, alors on comprend que leur soutien n’était qu’une façade en vue de préparer les prochaines élections municipales et la prochaine assemblée unique.

Pour que la Guyane avance, il faut donner des moyens à la jeunesse. Commençons par avoir une Université de qualité puis la jeunesse prendra ses responsabilités.

Socrate a dit un jour « Rien n’est trop difficile pour la jeunesse », par conséquent il faut s’accrocher, garder espoir et on gagnera ce combat avec l’appui de la population guyanaise.

A ANSANM NOU KA BRIGA, A ANSANM NOU KE RIVE
."
 
 
 
 
Communiqué de presse PARTI SOCIALISTE GUYANAIS

Objet :
- Création d'une université de plein exercice pour la Guyane, Demande de réunion du Congrès des Élus.

Au moment où les étudiants guyanais et l'intersyndicale du Pôle Universitaire Guyanais entament leur quatrième semaine de grève, le PARTI SOCIALISTE GUYANAIS constate un blocage des discussions sur les modalités de création de l'université de plein exercice et de sa date d'effet, craint un enlisement du conflit et sa radicalisation, et demande donc LA TENUE IMMINENTE D'UN CONGRÈS DES ÉLUS DÉPARTEMENTAUX ET RÉGIONAUX sur cette question, ainsi qu'une RÉUNION DE L'ASSOCIATION DES MAIRES DE GUYANE .

Pour la secrétaire générale Marie-José LALSIE , Le secrétaire général adjoint : GEORGES ELFORT ;
 
 




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