« Le virus circule partout en Guadeloupe »
Philippe Gustin, préfet de Guadeloupe

« Le virus circule partout en Guadeloupe »

Propos recueillis par Amandine ASCENSIO
Philippe Gustin, préfet
« On surveille encore la courbe des cas autochtones, donc ceux qui ne sont pas importés d'ailleurs », insiste le préfet Philippe Gustin. • PHOTO D'ARCHIVES HARRY MAPOLIN

En marge d'un contrôle de police et de gendarmerie, ce jeudi 9 avril, sur les routes de Guadeloupe, le préfet Philippe Gustin rappelle les règles édictées pour le week-end pascal et les raisons de ces mesures.

Pourquoi un tel dispositif, aussi drastique qu'un couvre-feu sur presque 4 jours ?
Le dispositif, qui indique que durant ce week-end, de samedi 14 heures à mardi 7 heures du matin, personne ne doit circuler en Guadeloupe, a pour vocation de contrôler le respect du confinement par les Guadeloupéens. Bien sûr, les personnes qui travaillent pour des activités vitales, en particulier tous les personnels en charge de soins, pourront se déplacer. On pourra aussi se déplacer pour des raisons médicales pour soi-même ou pour venir en aide aux personnes âgées ou handicapées. Mais ça devrait réduire drastiquement le nombre de personnes sur les routes. Car il faut le rappeler, les gens qui se déplacent vont en majorité faire des courses. Là, les magasins seront fermés.

Les contrôles se poursuivront-ils durant le week-end ?
Oui, nous continuerons sur les routes. Et l'essentiel des forces de police et gendarmerie sera concentré sur les plages, car c'est ma principale crainte : la traditionnelle fête de Pâques guadeloupéenne, c'est de camper à la plage. Nous voulons à tout prix éviter ces rassemblements festifs de personnes qui pourraient entraîner une promiscuité contraire aux règles de confinement.

L'épidémie semble progresser doucement chez nous, quels risques reste-t-il ?
On est sur plusieurs risques accrus. On surveille encore la courbe des cas autochtones, donc ceux qui ne sont pas importés d'ailleurs. Il s'agit de gens qui ont pu être contaminés par les premiers cas recensés sur l'île. C'est là que se concentre notre vigilance. C'est vrai que les sollicitations aux urgences ont baissé au cours des derniers jours mais depuis 48 heures, elles étaient plutôt en train de remonter. Nous avons aussi un autre élément : c'est l'arrivée des informations remontées par les médecins sentinelles de ville. Depuis que nous avons passé le cap des 40 cas, notre seuil épidémique, on ne teste plus tout le monde. Avec ces données, nous allons avoir la photographie de tous ceux que les médecins sentinelles estiment comme cas douteux. Cela nous incite à l'extrême prudence pour les jours qui viennent, car cela montre que le virus circule dans toute la Guadeloupe. Nous avons pris cette mesure de couvre-feu diurne pour éviter d'avoir une 2e vague d'ampleur dans 15 jours. Tout doit être pris en compte et le test de ce week-end sera important.

L'accès à l'eau reste très compliqué dans de nombreuses communes : les gens pourront-ils tout de même aller chercher de l'eau aux citernes mises à leur diposition ?
Bien sûr que oui. Il n'y aura pas de problème pour ces déplacements-là. D'autant qu'il faut maintenir les gestes barrières, le confinement n'est pas l'unique consigne à suivre.

On constate un relâchement ces derniers jours ?
On constate beaucoup de véhicules le matin et peu l'après-midi. Ces derniers jours, c'est encore plus vrai, car l'annonce du couvre-feu diurne a incité les concitoyens à aller faire des courses. Dès le lendemain, il y avait la queue dans les magasins. C'est ce qui a été essentiellement vecteur de l'accroissement. Mais d'une manière générale, je note qu'il y a un relâchement par rapport à la première période de confinement, c'est certain. C'est aussi parce que des entreprises ont redémarré. Il faut d'ailleurs que cela redémarre. Si ces sociétés sont en capacité d'assurer à leurs salariés l'ensemble des gestes barrières et des mesures sanitaires, elles peuvent recommencer.

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