Doudou Diène, expert indépendant des Nations-Unies, chargé des droits de l'Homme. « Les lieux de mémoire doivent être le but d'une nouvelle reconquête »
INTERVIEW

Doudou Diène, expert indépendant des Nations-Unies, chargé des droits de l'Homme. « Les lieux de mémoire doivent être le but d'une nouvelle reconquête »

Propos recueillis par Adams Kwateh
Né en 1941 au Sénégal, Doudou Diène est licencié en droit de l'université de Caen. Dès son entrée au secrétariat général de l'UNESCO en 1977, il initie des projets de Routes Interculturelles de l'Unesco. Il est l'auteur de très nombreux articles et rapports sur le racisme et la xénophobie dans le monde.
Né en 1941 au Sénégal, Doudou Diène est licencié en droit de l'université de Caen. Dès son entrée au secrétariat général de l'UNESCO en 1977, il initie des projets de Routes Interculturelles de l'Unesco. Il est l'auteur de très nombreux articles et rapports sur le racisme et la xénophobie dans le monde.

Ce Sénégalais de 71 ans était l'initiateur de la Route des esclaves, un projet qui, dès les années 90, avait permis une meilleure connaissance de la traite. Il milite pour un approfondissement des connaissances sur cette tragédie et ses conséquences dans nos sociétés modernes.

Quel travail doit-on engager autour des mémoires liées à l'esclavage ?
La traite négrière qui a été occultée par l'historiographie occidentale et, d'une certaine manière africaine, est un événement majeur pour tous ceux qui étaient impliqués dans cette tragédie, considérée par certains historiens comme la plus importante que l'humanité ait connue. Ce qui montre la nécessité de réécrire les livres d'histoire d'abord pour donner un récit beaucoup plus authentique et plus objectif de ce drame. Il faut ensuite donner la parole aux victimes et à leurs descendances. Il y a lieu, aussi, de baliser les lieux de mémoires et les parcours de la traite négrière et faire en sorte que ces parcours des villages aux côtes, le long de la mer dans les Amériques et les Antilles soient reconnus, car ils ont été masqués par les différents pouvoirs qui ont suivi l'esclavage.
Mais il ne faut pas réduire les lieux de mémoire à un pur problème de commémoration qui est très importante certes, car il renvoie à un acte ponctuel et régulier. Mais il faut leur attribuer une orientation supplémentaire qui est la dénonciation du racisme, l'une des conséquences de l'esclavage. Donc les lieux de mémoire doivent être le but de nouvelle reconquête.
La question de l'enseignement revient très souvent et c'est l'une des recommandations de la loi Taubira. Comment intégrer cette dimension institutionnelle ?
L'enseignement est capital, mais il faut savoir ce que...

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