Pour les habitants des Gonaïves, les
conséquences humanitaires des changements climatiques, l'un des
thèmes du Forum mondial de l'eau qui s'est terminé dimanche, sont
déjà une douloureuse réalité.
« Nous sommes inquiets, la petite saison
des pluies arrive en avril et les travaux pour dégager les canaux
de drainage sont loin d'être finis » , explique en créole Chimène
Fis-Aimé, dont le jardin, sur l'avenue des Dattes, est encore
enfoui sous un mètre de boue. « La semaine dernière des pluies ont
inondé le quartier en deux heures, moi maintenant je suis
vigilante, je vais tout de suite me réfugier dans la montagne » ,
avoue cette petite commerçante de 38 ans.
Déjà dévastée en 2004 par le cyclone Jane,
la quatrième ville d'Haïti (300 000 habitants) a été frappée quatre
ans plus tard, en août et septembre dernier, par quatre ouragans et
tempêtes qui ont fait dans le pays le plus pauvre du continent
américain près de 800 morts, plus de 300 disparus et un million de
sinistrés. Or, un phénomène d'une telle intensité n'aurait pas dû
se reproduire avant 50 ans selon les experts qui soulignent
l'absence de politique de gestion des risques à long terme.
La boue séchée bloque toujours les
rues
« La ville est naturellement vulnérable aux
aléas climatiques » , souligne Roosevelt Compère, régisseur de la
direction de la protection civile. « D'où la nécessité de mieux
anticiper les risques et de sécuriser la population. »
Située en bord de mer dans une cuvette
entourée de mornes rendus lunaires par la déforestation massive,
Gonaïves a été enfouie sous 2,6 millions de tonnes de boue en août
et septembre 2008.