Que reste-t-il aujourd'hui de la lutte
contre la loi travail, alors que la moitié des décrets
d'application ont été publiés ?
J'ai plutôt envie de dire « Qui en pâtit ?
» . Les salariés, bien entendu. D'ailleurs, on voit arriver ce
qu'on redoutait, c'est-à-dire certains employeurs qui considèrent
qu'ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent en matière de durée du
travail. On a ouvert la boîte de Pandore... À mesure que sortent
les décrets, nous nous organisons pour contester certains devant
les tribunaux. On a arrêté la bagarre dans la rue pour la porter
devant la justice. Mais cette loi pénalise aussi l'exécutif, qui
s'est littéralement coulé dans le moule du libéralisme. Et je crois
que ça les plombe.
En quoi l'inversion de la hiérarchie des
normes, qui a donc été entérinée, est-elle si grave pour les
salariés ?
Nous avons, historiquement, construit un
système de relations sociales basé notamment sur la hiérarchie des
normes. Cette hiérarchie permet de garantir que, plus vous
descendez vers les entreprises, plus on améliore la condition des
salariés. Parce que vous êtes protégé, par exemple, par un accord
de branche...