Cantine scolaire : le boulet des parents mauvais payeurs

Cantine scolaire : le boulet des parents mauvais payeurs

Jean-Marc Atsé

Chaque mois, de nombreuses familles sont amenées à payer la restauration scolaire de leurs enfants. Si pour la majorité d’entre elles, les paiements sont effectués dans les délais impartis, pour quelques-unes, les règlements de factures se font attendre ou ne sont jamais honorés. Notre dossier complet dans l'édition de ce lundi.

L’affaire a fait grand bruit : il y a quinze jours, cinq élèves d’un collège, situé dans l’Ouest de la France, ont été interdits de réfectoire au motif que leurs parents n’avaient pas réglé des factures. Et ce malgré des rappels de l’établissement public. Même mésaventure, au début du mois de septembre, à la Réunion cette fois, pour deux collégiens dont les parents étaient considérés comme des mauvais payeurs. Mais l’expérience la plus terrible reste celle qu’a vécue, en janvier dernier, dans les Pyrénées-Atlantiques, une petite fille de 5 ans. Une policière l’a extraite de la cantine municipale, en raison d’un impayé de 170 euros. La scène s’est déroulée devant ses camarades éberlués qui ont cru qu’elle serait emprisonnée. De mémoire de Martiniquais, on n’a jamais connu de telles histoires. "On ne laisse jamais un enfant sans manger, c’est notre politique", lance Colette Boyer-Faustin-Célimène, principale du collège Trianon, au François. Un petit établissement qui compte moins de 400 élèves, dont 280 demi-pensionnaires.
"Une procédure à l’amiable est déclenchée"

"Nous connaissons tous nos élèves et si nous voyons un élève rester dans la cour sans aller manger, nous l’interpellons pour savoir pourquoi il ne mange pas, si c’est parce qu’il n’a pas payé, car les repas sont réservés à l’avance, grâce à des bornes installées au réfectoire et à la vie scolaire, nous trouverons toujours une solution pour qu’il mange". Réaction identique du côté du directeur général des services de la mairie de Schoelcher, Édouard Gamess, et de Marie-Christine Autié, directrice de l’enfance et de l’éducation : "Les directives sont très claires. Un enfant, s’il n’a pas été récupéré à midi, ne peut retourner en classe le ventre vide. On lui servira un repas adapté à sa situation et l’enfant fera l’objet d’un suivi particulier qui consiste à avertir les parents, et nous faisons en sorte qu’il n’y ait pas d’abus".
Colette Alexis-Alexandre, présidente de la caisse des écoles de Fort-de-France, parle, elle, de "traitement humain de l’impayé de la part de la ville de Fort-de-France". "L’enfant mange à la cantine mais une procédure à l’amiable est déclenchée", précise-t-elle. "Tout un dialogue est entamé avec le parent afin d’obtenir le paiement, avant que son cas ne soit véritablement signalé". En clair, les enfants ne doivent pas subir les conséquences de la négligence des parents.

"Certains vous disent qu’ils n’ont pas que cela à faire"

"Il convient de faire une distinction entre ceux qui ne peuvent pas payer, que nous connaissons et suivons (ndlr : une dizaine), et ceux qui sont négligents", insiste le directeur général des services de la mairie de Schoelcher, Édouard Gamess. Ainsi le 19 septembre dernier, plus de 500 parents schoelchérois un peu tête-en-l’air n’avaient pas réglé la cantine du mois d’octobre avant la date limite fixée au 16 septembre. Pourtant le calendrier de paiement de la cantine et des activités périscolaires est affiché en de nombreux endroits (écoles, caisse des écoles, mairie), le paiement en ligne 24h/24 est possible (voir par ailleurs), des communiqués sont diffusés dans la presse, des SMS sont envoyés aux retardataires, des journées de rattrapage sont organisées, mais cela ne suffit pas. "On a affaire à des parents qui n’ont aucun souci financier, mais qui oublient les dates de paiement", poursuit Édouard Gamess. Et d’ajouter : "Des oublis, ça peut se comprendre, des oublis systématiques, non". La directrice de l’enfance et de l’éducation de la mairie de Schoelcher, Marie-Christine Autié, lâche sans ambages : "Certains vous disent carrément, lorsqu’on les contacte, qu’ils n’ont pas que cela à faire".
La directrice du centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville du Lamentin, Patricia Sinosa, observe que quelques familles, parfois avec trois ou quatre enfants, ont tout simplement fait le choix de ne pas régler la cantine durant toute l’année. "C’est ainsi qu’elles fonctionnent car elles savent que l’on va donner à manger à leurs enfants quoi qu’il arrive", explique la responsable. "En plus, un enfant, qui ne mange pas, ne peut pas rester dans la cour, il y a un vrai problème de sécurité, il n’est pas couvert. Les parents jouent là-dessus". À noter tout de même que quelques directeurs d’école osent décrocher leur téléphone pour demander aux parents mauvais payeurs de venir récupérer leurs enfants immédiatement.

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