Serge HARPIN
Les contorsions de quelques-uns pour rester
dans le sens du vent, dans le sens de l'opinion, ne s auraient
détourner les gauches Martiniquaises, ou ce qu'il en reste, de la
mission qu'elles s'étaient assignée il y a plus de 30 ans
(Convention du Morne- Rouge) : tourner la page de la
départementalisation et aller à la responsabilité. Une
responsabilité que les indépendantistes avaient souhaitée, en
d'autres temps, maximale. Rien ne saurait non plus les écarter de
leur présente obligation : anticiper la fin annoncée mais déjà
effective de l'Etat Providence. Anticiper sans se laisser distraire
par les déclamations sur la modernisation et l'efficacité de l'Etat
qui, fort d'une opinion hostile aux fonctionnaires, ne cache rien
d'autre qu'une logique d'imposition des valeurs de l'entreprise -
et principalement la rentabilité quel qu'en soit le coût - dans le
fonctionnement des institutions publiques. On notera d'ailleurs que
cette volonté affichée de modernisation et d'efficacité évite
soigneusement dans sa frénésie du changement de mettre en cause les
privilèges de l'aristocratie politique et de la haute fonction
publique, dont la réforme pourtant devrait être une étape
préliminaire mettant fin à l'ancien régime. C'est cela,
l'intégration des valeurs de l'entreprise dans les institutions
d'Etat, la vraie finalité du projet Balladur. Une finalité à
laquelle devra aussi se soumettre la Collectivité unique dans le 73
qui vient d'être votée en Guyane et en Martinique. Pour parachever
l'offensive Outre- Mers, Paris n'attend plus maintenant que les
régionales, avec le secret espoir de voir l'emporter dans ces
contrées imprévisibles ceux qui ont fait la preuve au cours de ces
deux dernières années, au delà des doctrines affichées, de leur
aptitude à bien servir un tel dessein.
Ce préalable quant au contexte doit être
complété...
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