Au bout du petit matin, un voyage dans notre histoire

Au bout du petit matin, un voyage dans notre histoire

Alfred Jocksan

 Plongeons nous dans " Cahier d’un retour au pays natal" d'Aimé Césaire et interprété par Jacques Martial jusqu’au 15 mai au Théâtre de l’Epée de bois, à La Cartoucherie de Vincennes.

Jacques Martial dans cahier d'un retour au pays natal © AJ

Jacques Martial dans cahier d'un retour au pays natal © AJ

Jacques Martial dans cahier d'un retour au pays natal © AJ

Jacques Martial dans cahier d'un retour au pays natal © AJ

Jacques Martial dans cahier d'un retour au pays natal © AJ

Jacques Martial dans cahier d'un retour au pays natal © AJ

Jacques Martial dans cahier d'un retour au pays natal © AJ

C’est l’aurore, les ombres à peine visibles et voilà cet homme galeux, sale, détruit, perdu…. Sort derrière une colline imaginaire avec ses sacs remplis des souvenirs précieux et futiles, des choses sans valeurs. L’homme est vivant pour nous amener à explorer son monde, réel et invisible.

Ce grand homme noir arrive de sa campagne, de Bezaudin où de Gallardbois, pour un peu de vie, un peu d’espoir en ville. Il est perclu de douleurs, de sa misère, de son ventre vide, baragouinage des mots à peine audibles, mais ses maux sont bien visibles, bien réels.

Soudain, l’homme se redresse et son grand corps noir s’ébranle, fait face au monde et nous voilà au cœur d’un voyage, dans notre histoire, dans notre imaginaire que conduit Jacques Martial avec le texte fondamental d’Aimé Césaire dans « Cahier d’un retour au pays natal ».

Le comédien, Jacques Martial, nous fait vivre des moments palpitants. Lui dressé devant cette carte du monde réinventée aux formes diverses. Dans cet espace du théâtre de l’épée des bois à Vincennes, sur scène, il est le gardien, le créateur, le guide de cette fin de nuit, de cette matinale, de ce bout de petit matin, son autre monde. Il est transformé, herculéen, magistral. Il s’empresse d’effacer ses souvenirs pour éclairer sa vérité et sa conscience.

Il nous emporte dans sa vision. « Ce qui est dit là, “ Le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme. La carte du printemps est toujours à refaire. On ne lâche rien, on recommence, on recommence’’. Je pense que cet urgent de le dire. Tout cela était vrai hier, c’est vrai aujourd’hui, tout cela sera encore vrai demain. C’est une urgence », explique le comédien Jacques Martial à la fin du spectacle.

Une création toujours d’actualité
Il est dans une création puissante, un texte qui ébranle, qui accroche. Le comédien nous montre sa capacité à nous surprendre en nous proposant une fascinante mise en spectacle d’un cahier de retour au pays natal d’Aimé Césaire. Un beau maillage entre le présent et le passé, des choses qui sont du passé, qui sont d’aujourd’hui. Il parvient à nous faire entendre ce que l’errance, la traversée du vide, l’oubli de soi, dans ce monde capitaliste sans retenu. Il fait entendre la complexité de la nature humaine. Il fait prendre conscience de notre rapport au temps et à l’existence.

Jacques Martial a la carrure, le physique, le langage, le sens aigu du verbe, de la fête, les gestes conçus, le silence, l’éruption de rage, pour nous transporter, pour nous laisser penser et nous ressaisir durant quatre-vingt-dix minutes de ce fabuleux spectacle, le Cahier d’un retour au pays natal. Il nous emporte avec lui dans cette interprétation. C’est une complète réussite.

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