Fort-de-France s'embrase

Fort-de-France s'embrase

Tirs de grenades lacrymogènes, jets de pierre et de bouteille, feux de véhicules et de poubelles se sont déroulés une bonne partie de l'après-midi de vendredi à Fort-de-France, frappée de plein fouet par de violents affrontements.

Le préfet de la Martinique, Ange Mancini a qualifié ces événements « d’incidents extrêmement graves » et lancé « un appel solennel à tous ceux qui n’ont rien à faire en ville à rester chez eux ».
Il a également précisé que, « ce soir, avec la mairie de Fort-de-France, le même système de sécurisation déployé après les deux nuits d’émeute a été à nouveau mis en place » et que le centre-ville était maîtrisé.
Des centaines de gendarmes mobiles, casqués et munis de boucliers, occupaient toutes les entrées de la ville vendredi soir où un calme relatif semblait revenir.
L’explosion de violences survenue dans l’après-midi a démarré alors qu'un convoi emmené par des socio-professionnels, des agriculteurs et des représentants du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) organisait une « manifestation pacifique » pour demander au préfet de libérer les zones industrielles afin de « reprendre le travail », après déjà 29 jours de grève générale.
De leur côté, les grévistes avaient barré l'accès à toutes les entrées de Fort-de-France pour ne pas laisser ce cortège de véhicules, étiré sur plusieurs kilomètres, entrer dans la capitale.
Au moment où le « collectif des entreprises » avait déjà fait demi-tour, des dizaines de personnes l'ont forcé à s'arrêter sur la rocade –l’axe qui contourne Fort-de-France-, au niveau de Trénelle.
Des tracteurs qui composaient le cortège et des véhicules 4x4 ont alors été dégradés et certains dirigeants d'entreprise auraient reçu des coups, selon de premiers éléments officiels.
« On a été pris dans une souricière, il y a des gens qui ont été tabassés et leurs voitures saccagées. Les premiers incidents ont éclaté à 13 h 20 et les gendarmes ne sont arrivés qu'à 14 h 45 ! », a indiqué Jean-François Hayot, membre de ce « collectif des entreprises ».
Abondant dans le même sens, Juvénal Rémir, président du Codema-Modef, l’un des principaux syndicats agricoles, s'est dit « scandalisé » : « Les chefs d'entreprises et les salariés qui veulent travailler n'ont pas le droit de manifester ! ».
« C'est déplorable pour la démocratie car je tiens à préciser que cette manifestation pacifique n'était absolument pas une provocation », a-t-il ajouté.
En préfecture où les négociations sur la fonction publique territoriale allaient commencer, le « collectif du 5 février » a décidé de suspendre toutes les discussions en cours, suite à ces incidents.
« La provocation du grand patronat béké, en voulant venir à Fort-de-France, a produit les effets qui étaient prévisibles et cela traduit la même arrogance qu’ils expriment dans les négociations », a estimé Philippe Pierre-Charles du syndicat CDMT, tout en se disant prêt à reprendre les négociations dès ce samedi.
La maire de Letchimy, au cœur des affrontements et pris d'un léger malaise à cause des fumées lacrymogènes, s’est montré rassurant sur son état de santé et a appelé à « un retour au calme » et à ce que le « collectif, l'État, les collectivités et tous ceux qui sont dans les discussions signent un document qui répertorie les points déjà actés afin que cesse cette violence qui s'installe ».

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