« À la limite, je préfère la voir dans un arbre après les branches que de la voir au gouvernement », a ainsi lâché, d'abord, Anne-Sophie Leclere, candidate Front National dans les Ardennes, suspendue depuis par son parti. Christiane Taubira, directement visée, a réagi en dénonçant « la pensée mortifère et meurtrière » du Front National.
« Y'a bon banania, y'a pas bon Taubira ! », a surenchéri, le 21 octobre, un curé participant à une manifestation des intégristes catholiques de Civitas. Cinq jours plus tard, en déplacement à Angers, où un comité d'accueil de la Manif pour tous l'attendait, plusieurs médias locaux ont relayé les propos d'une petite fille entourée de ses parents, lors du passage de la ministre : « Une banane pour la guenon ! ».
Ce mercredi, le député socialiste Jean Glavany s'est ému de ces récentes attaques à l'Assemblée Nationale : « nous devons crier notre honte et notre révolte ! », a-t-il lancé, en posant une question d'actualité au gouvernement.
Au sujet de « ces actes inacceptables » qui ont pu conduire, par le passé, « aux pires délits et aux pires crimes », Jean-Marc Ayrault a invité « à se ressaisir et ne jamais céder, à aucun moment ». Il a rappelé avoir « immédiatement condamné » les propos de l'ancienne candidate du FN. « Ce qui a effectivement été prononcé (...) est malheureusement une illustration encore plus violente de ce que connaissent beaucoup de nos concitoyens ».
À l'Assemblée mercredi, le 1er Ministre a invité l'hémicycle à « se lever pour dire non au racisme ». L'ensemble des députés de la majorité, debout, a longuement applaudi Garde des Sceaux. Assise sur le banc des ministres, Christiane Taubira, avant de répondre à une autre question, a d'abord remercié le chef du gouvernement pour « son soutien qui ne m'a jamais manqué depuis le premier jour », Jean Glavany ainsi que les élus pour « cette solidarité ». C'est « une solidarité affichée vis-à-vis du peuple noir, des peuples différents », a conclu Serge Letchimy (Le Parisien).
La veille de cette intervention, la ministre de la Justice avait refusé de céder à la surenchère. Les actes racistes « sont inadmissibles parce qu'ils cassent la cohésion sociale, parce qu'ils fragilisent des catégories entières de la population. Répondre dans un dialogue avec des personnes qui sont dans l'intolérance, le racisme et l'exclusion des autres, non je ne peux pas entrer en dialogue avec des personnes comme ça. Le racisme est un délit, puni par la loi », avait-t-elle simplement rappelé.