ACCUEIL DES RESCAPÉS. Avec
les importantes distributions d'aide alimentaire, les signes
avant-coureurs de normalisation ont commencé à apparaître depuis
hier. Même si une vieille dame et un jeune homme ont encore été
dégagés des décombres dix jours après la catastrophe, priorité est
désormais donnée aux sans-abri, aux orphelins et à la restauration
des voies de communication.
Faire naître une organisation du chaos.
Depuis maintenant huit jours, le pont aérien entre Haïti et les
Antilles mobilise la Martinique à tous les niveaux pour faire
fonctionner la grosse machine logistique. « La difficulté, c'est de
gérer un dispositif de masse, tout en restant respectueux des cas
particuliers » , souligne le sous-préfet Paul Laville, responsable
de la cellule de transfert d'urgence des rescapés. Et à tout
moment, il faut s'adapter aux nouvelles contraintes, rester réactif
et souple tout à la fois.
11 heures, hier matin à l'hôtel Caribia de
Sainte-Luce. La cellule d'urgence médico-psychologique fait le
point avec la sous-préfecture. Désormais, les nouveaux arrivants
seront accueillis aux Trois-îlets et non plus ici. Les cartons de
médicaments doivent être déménagés d'un hôtel à l'autre. Après
trois nuits blanches, un petit café remotive les médecins
mobilisés.
Stylo en main, la secrétaire générale de la
sous-préfecture compte et recompte les personnes qui sont restées à
Caribia, celles qui doivent rejoindre Carayou pour prendre l'avion
au plus tôt vers la France, les personnes qui sortent
d'hospitalisation, les bagages oubliés lors des précédents
transferts. « Quand on a tout perdu, vous n'imaginez pas ce que
représente une valise. Ce n'est plus un simple objet, c'est toute
une vie » , insiste...