Combien de temps a-t-il fallu pour que tu
dises à nouveau « je » ?
« Un an! Cela fait un an que je ne suis
plus sous l'emprise de ce monsieur, un an que je suis à Rosannie
Soleil, dans un centre d'hébergement avec mes deux enfants.
Normalement, c'est prévu pour six mois, mais comme je n'étais pas
prête, ni moralement, ni financièrement, alors j'ai pu prolonger
mon contrat. Là, ça va mieux » .
Et avant d'en arriver là ?
« Je vivais seule avec mon fils, avant de
connaître ce monsieur. On était très bien dans mon petit
deux-pièces. Puis, j'ai rencontré ce monsieur qui m'a fait beaucoup
de propositions. Comme on dit, l'amour rend aveugle... Je me suis
laissée emportée par ses belles paroles et son charme. Il m'a très
vite proposé de venir habiter avec lui. Mon fils venait de rentrer
à l'école, je me disais que je serais plus libre, que j'allais
avoir du temps pour m'occuper de moi. Cela ne s'est pas du tout
passé comme ça. Ce monsieur vivait seul chez lui, dans sa grande
maison. Moi, j'étais comme une gamine qui a rencontré le prince
charmant dans son château » .
Ce prince s'est-il transformé en crapaud
immédiatement ?
« J'ai eu des petits signes, mais je n'en
ai pas tenu compte. Tous les week-ends j'allais chez lui avec mon
fils. Il avait un caractère impulsif. Je ne comprenais pas, mais je
me disais que c'était passager. Jusqu'au jour où j'ai accepté
d'aller vivre avec lui, trois mois après notre rencontre. Au bout
de deux mois de vie commune, il a commencé à s'en prendre à mon
fils, comme s'il le gênait. Il ne le tapait pas, mais les mots
qu'il employait étaient très durs. Moi, j'ai connu la violence
psychologique. Je ne disais rien, j'acceptais. Je trouvais normal
qu'il m'envoie...