Les yeux rougis, assise dans l'assemblée,
Colette écoute les avocats de l'association des victimes de la
catastrophe aérienne du 16 août 2005 détailler les « incohérences
du dossier » . Entre douleur et colère. Ce 16 août 2005, dans
l'avion MD 82 de la West Caribbean Airways, elle a perdu son mari.
« C'est une vie complètement éclaboussée après ce crash » , souffle
cette Saléenne. « Tout ça pour aboutir à un non-lieu... On le prend
comme une insulte » .
Mardi et mercredi, elle sera au tribunal
pour dire que, « cette justice, (elle) ne la reconnaît pas » .
Patricia, elle, a perdu ses parents dans la catastrophe, ainsi que
leurs amis proches, qu'elle considérait comme des tontons et
taties. « Pas un jour ne passe sans penser à eux. En nous refusant
la vérité, on est en train de miner les familles de victimes. C'est
de l'inconscience. Comme si on les tuait deux fois... » .
Samedi, l'AVCA avait convié les proches des
victimes à Saint-Esprit, la commune la plus impactée, avec près
d'une quarantaine de morts. Au-delà de la symbolique, c'était
surtout l'occasion pour l'association et ses trois avocats de
réaffirmer pourquoi elle dit « non au non-lieu » , prononcé en 2015
par le dernier juge d'instruction chargé du dossier. « Tout le
dossier pénal se contente de l'examen de l'attitude de dernière
minute des pilotes. Les magistrats ne se sont jamais intéressés à
tout ce qui se passe en amont. Dans son ordonnance de non-lieu, le
juge d'instruction...