Salariés de stations-service, victimes collatérales de la grève des gérants
CARBURANTS

Salariés de stations-service, victimes collatérales de la grève des gérants

J.-M.A.
De gauche à droite : Olivier Dru, Éliane Zobeïde, membres de la CGTM produits pétroliers, Alphonse Dégras, secrétaire général de la CGTM produits pétroliers, et Gabriel Jean-Marie, secrétaire général de la CGTM. (J-M.E./France-Antilles)
De gauche à droite : Olivier Dru, Éliane Zobeïde, membres de la CGTM produits pétroliers, Alphonse Dégras, secrétaire général de la CGTM produits pétroliers, et Gabriel Jean-Marie, secrétaire général de la CGTM. (J-M.E./France-Antilles)

Le syndicat CGTM produits pétroliers a réuni hier à la maison des syndicats, à Fort-de-France, des employés de stations-service pour notamment rappeler que ces derniers ne suivent pas le mouvement de grève des gérants et qu'on ne peut les obliger à prendre des congés.

C'est une drôle de situationque vivent actuellement les employés de stations-service. Ils sont les victimes collatérales d'une grève menée par leur patron. L'histoire récente nous avait plutôt habitués à l'inverse.
Depuis vendredi, les stations-service de l'île sont fermées car les gérants protestent contre le projet Lurel sur la fixation des prix des carburants, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2014.
Hier, le syndicat CGTM produits pétroliers a réuni, à la maison des syndicats, à Fort-de-France, des salariés de stations-essence, qui ne savent pas trop quel comportement adopter face à un mouvement qu'ils ne suivent pas. Plusieurs employés ont ainsi témoigné de leur embarras. « Le délégué du personnel m'a dit : si tu as des jours de congés, il faudra les déposer » , raconte une jeune femme exerçant à Ducos. Une consoeur évoluant sur le Lamentin poursuit : « On m'a donné à faire du nettoyage et de l'astiquage, mais ce n'est pas mon poste de travail » . D'autres ont eu à entamer l'inventaire des articles vendus en boutique. D'autres encore ne savent pas s'ils doivent ou non se rendre sur leur lieu de travail.
« LES PATRONS... FACE AUX COMPAGNIES PÉTROLIÈRES »
Pour Olivier Dru, membre du syndicat CGTM produits pétroliers, les choses sont claires : « Vous n'êtes pas en grève, vous ne devez pas accepter que les gérants prennent des jours de grève sur vos congés » . Gabriel Jean-Marie, secrétaire général de la CGTM, ajoute : « Vous avez un planning, vous devez l'exécuter. Si le gérant vous dit de ne pas venir, il doit alors sortir une note de service, qui doit être visée par tous les salariés. Si lorsque vous arrivez à la station, il vous demande de repartir, il doit vous signer un document » . Alphonse Dégras, secrétaire général de la CGTM produits pétroliers, est revenu, quant à lui, sur le discours des gérants développés ces derniers temps.
« Depuis le mois de décembre, ce sont les employeurs qui défendent les salariés et les emplois » , lance-t-il sur un ton moqueur. « Or, à chaque fois qu'on demandait ce à quoi on a droit, ils demandaient, eux, des octrois de marges. Il ne faut pas être dupe, les patrons défendent leurs propres intérêts face aux compagnies pétrolières » . Alphonse Dégras n'a pas la mémoire courte : « En 2009, nous étions 1300 salariés, nous sommes aujourd'hui 800. Qui nous a défendus ? » . Pas les gérants qui ont procédé à des licenciements, assurément! Et Gabriel Jean-Marie de leur lancer un défi : « Si vous voulez sauvegarder les 800 emplois, on vous propose de sauver les huit emplois de la station Total Lareinty, qui ferme le 31 décembre. Qui peut le plus peut le moins! » . Le syndicaliste ne leur pardonne pas leur attitude dans le dossier des arriérés de salaires. Car selon la CGTM produits pétroliers, de nombreux employés de stations-essence, près de deux ans après la signature d'un protocole d'accord de fin de conflit, n'ont pas encore vu la couleur de l'argent tant attendu.
Difficile dans ces conditions pour les syndicats de salariés de faire confiance aux gérants.
Les employés de stations-service réunis hier à la maison des syndicats. (J-M.E./France-Antilles)
Les employés de stations-service réunis hier à la maison des syndicats. (J-M.E./France-Antilles)
(J-M.E./France-Antilles)
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