La place des Outre-mer sur la télé publique fait débat au Sénat

La place des Outre-mer sur la télé publique fait débat au Sénat

le ministre de la Culture a voulu rassurer, précisant qu'il y aurait "toujours du personnel dans les services centraux de France TV pour l'Outre-mer" et que l'enveloppe de 10 millions d'euros pour des coproductions de documentaires ultramarins serait non seulement "maintenue mais augmentée".
le ministre de la Culture a voulu rassurer, précisant qu'il y aurait "toujours du personnel dans les services centraux de France TV pour l'Outre-mer" et que l'enveloppe de 10 millions d'euros pour des coproductions de documentaires ultramarins serait non seulement "maintenue mais augmentée". • DR

Le délégation Outre-mer et la commission culture du Sénat ont auditionné le ministre de la Culture sur la fin de France Ô. Deux jours plus tôt, mardi, ce sont Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, accompagnée de M. Walles Kotra, directeur exécutif chargé de l'outre-mer et de M. Francis Donnat, secrétaire général, qui avaient été interrogés. Retrouvez cette audition en vidéo.

« Il fallait arrêter ces deux canals (sic). » En parlant de France 4 et France Ô, faute de français comprise, Franck Riester, le ministre de la Culture, auditionné par les sénateurs jeudi matin, a ainsi rappelé les bases sur lesquelles repose la réforme de l'audiovisuel public. Ce dialogue entre le ministre et les sénateurs a permis de mettre en exergue la précipitation de la décision de sortir France Ô de la TNT, son impréparation et l'absence toujours criante de stratégie et de vision pour trouver une place à l'Outre-mer sur la télévision publique.

« Une méthode gênante » pour le président de la délégation Outre-mer, Michel Magras (LR). Ce dialogue aura aussi mis en exergue la vraie motivation de ceux qui ont décidé la mort de la chaîne : l'audience. « La chaîne n'a pas trouvé son public, peut-être par déficit de sa ligne éditoriale », a indiqué Catherine Morin-Desailly, présidente (UC) de la commission culture du Sénat, qui s'est émue de cette disparition « sans contrepartie d'une présentation de l'offre, si ce n'est une offre numérique sur une plateforme de France TV. Ce serait une non-équité de traitement de l'ensemble des Français. »

Visibilité nationale des Outre-mer

Toujours fidèle à sa formule, « France Ô, chaîne alibi », le ministre de la Culture a voulu rassurer, précisant qu'il y aurait « toujours du personnel dans les services centraux de France TV pour l'Outre-mer » et que l'enveloppe de 10 millions d'euros pour des coproductions de documentaires ultramarins serait non seulement « maintenue mais augmentée ».

Quant à la seule et véritable question que pose la fermeture de France Ô, à savoir, la visibilité des Outre-mer sur les écrans nationaux, le ministre en a appelé au cahier des charges, au contrat d'objectif et de moyens (Com) et à la future loi audiovisuelle qui allaient permettre « de l'inscrire noir sur blanc ». Avec un contrôle du CSA.

Le groupe de travail sur France Ô piloté par son ministère et celui des Outre-mer avec des parlementaires et des responsables de France TV réfléchit à mettre en place des indicateurs. « Le passé a pourtant montré, souligne Maurice Antiste (app PS), rapporteur pour la délégation Outre-mer sur le sujet, que le renforcement des liens entre F2, F3 et FÔ, prévu dans le Com 2011-2015, est resté lettre morte. Quelles raisons impérieuses ont donc empêché France TV de respecter cette obligation ? »

Pour l'heure, le ministre a parlé d'un programme mensuel sur les Outre-mer sur F2 ou F3 et il trouve « formidable » d'apprendre la météo des Outre-mer sur F2, même s'il admet peu après que c'est aussi « anecdotique ». Son souci serait de s'assurer que « la politique de l'audiovisuel public soit tournée vers son public » et selon lui, ce public a de plus en plus accès à Internet.

Antoine Karam (LREM) lui a rappelé que la France est universelle grâce à ses Outre-mer et sa zone maritime et que si les fusées partent de Guyane, « trop de monde dans ce département n'a pas à accès à Internet, sans parler de l'eau ! »

David Assouline (PS) a dénoncé la fermeture des deux canaux de télévision à des fins budgétaires et Céline Brulin (PCF), regrettant partout le recul de la proximité, a demandé à Franck Riester : « Pourquoi ne pas travailler la piste d'une modification de la ligne éditoriale de la chaîne et de moyens supplémentaires pour qu'elle puisse conquérir des parts d'audience supplémentaires »... Il est vrai que France Ô a un tout petit budget de 26 millions d'euros contre 2,083 milliards pour France TV. Pour affirmer le fait que « la richesse des Outre-mer doit être parfaitement visible de nos compatriotes », le ministre s'est empressé de citer les chaînes 1ère : « Elles sont un média global qui a un public large et elles ont une vision moderne de ce que doit être l'audiovisuel public, ici en France, dans l'Hexagone pardon... »

Mais que recouvre le terme de « visibilité », a demandé la sénatrice Sylvie Robert (PS), « est-ce la régularité des programmes, la capacité des moyens de production ? Et quid du rôle patrimonial de France Ô ? » « Que veut-on montrer, quel positionnement éditorial ? », demande Stéphane Artano (RDSE). Il signale que la bascule de France Ô sur le numérique réduirait à zéro les aides du CNC qui ne finance des documentaires qu'à la condition qu'ils soient diffusés sur une vraie chaîne... Sans donner guère de réponse avant que la commission France Ô n'ait fini son travail (dans un an), le ministre a voulu faire preuve d'inventivité en suggérant que les journalistes nationaux de France TV ne couvrent plus eux-mêmes les événements dans les Outre-mer et qu'ils laissent travailler leurs confrères ultramarins.

L'audition de Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions

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