L'inaccessible DIGNITÉ

L'inaccessible DIGNITÉ

R. L.
Sur ordre des autorités gouvernementales, des fosses communes sont creusées dans tous les cimetières de Port-au-Prince. Les cadavres y sont jetés sans cérémonie, y compris ceux qui sont identifiés. (AFP)
Sur ordre des autorités gouvernementales, des fosses communes sont creusées dans tous les cimetières de Port-au-Prince. Les cadavres y sont jetés sans cérémonie, y compris ceux qui sont identifiés. (AFP)

Malgré le déploiement progressif des parachutistes américains et des équipes de secours du monde entier, les sinistrés de Port-au-Prince, errant au milieu des ruines, de la violence et des amas de cadavres, commençaient hier à céder à la colère et au désespoir. Aéroport saturé, port hors d'usage, routes détruites : la tâche est de plus en plus insurmontable dans un pays dont les gouvernants survivants ont dû trouver refuge dans un... commissariat.

Les Haïtiens ont tout perdu, même le droit d'enterrer leurs morts.
Le ballet macabre commence à être rodé. Toutes les cinq minutes, un camion arrive au cimetière de Port-au-Prince, décharge un, deux, plusieurs cadavres et remet les gaz. Les corps sans vie des victimes du séisme de mardi sont jetés à la va-vite dans une fosse commune creusée par les autorités haïtiennes pour tenter de débarrasser les rues des cadavres qui commencent à se décomposer. « Nous avons perdu toute dignité face à la mort » , se lamente Mezen Dieu Justi, un vieillard, qui a bien du mal à contenir nausée et larmes en passant devant le cimetière.
Il n'est pas rare que certains observateurs de ce morbide spectacle perdent toute contenance. Surtout lorsque dans l'enchevêtrement de corps, ils reconnaissent une mère, un frère ou un oncle. « C'était mon père, mon Saint Père! » , s'exclame une jeune fille, avant de perdre connaissance. Une autre femme, qui semble possédée, descend dans la...

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