« Je ne sais pas si l'un des cinq prêtres voulait devenir évêque »

« Je ne sais pas si l'un des cinq prêtres voulait devenir évêque »

Propos recueillis par V.M-R
« La lettre, que j'ai acceptée de cosigner, donnait notre avis au Saint-Siège quant au profil du père Renard et de son éventuelle nomination comme archevêque. C'est tout. Le but de ce courrier n'était ni d'accuser ni de dénoncer. »
« La lettre, que j'ai acceptée de cosigner, donnait notre avis au Saint-Siège quant au profil du père Renard et de son éventuelle nomination comme archevêque. C'est tout. Le but de ce courrier n'était ni d'accuser ni de dénoncer. »

Lundi dernier, l'assemblée générale du clergé a abouti à la levée des sanctions à l'égard de cinq prêtres accusés d'avoir rompu le secret pontifical. Si un certain apaisement semble être revenu au sein de la communauté catholique, des interrogations demeurent. Le père Jean-Michel Monconthour, l'un des prêtres concernés par cette affaire, livre aujourd'hui son témoignage.

Quel est votre sentiment après cette affaire ?
Le père Renard n'avait pas à être sali de la sorte. Il y a là une grande méprise. La lettre, que j'ai acceptée de cosigner, donnait notre avis au Saint-Siège quant au profil du père Renard et de son éventuelle nomination comme archevêque. C'est tout. Le but de ce courrier n'était ni d'accuser ni de dénoncer. Sans enquête pour connaître la vérité, alors que les documents avaient été falsifiés, un média (Radio et télé) a créé un grave scandale. Les journalistes étaient-ils conscients de leur responsabilité en jetant le discrédit sur le père Renard ? A t-on le doit de salir ainsi quelqu'un ? Cette communication désastreuse a causé bien des souffrances pour notre population locale et bien au-delà. Nous sommes tous victimes de ce battage médiatique à différents degrés. Avec notre archevêque, le collège des prêtres et toute la communauté diocésaine, j'espère que le temps du carême nous aidera à accueillir la paix profonde de notre Seigneur Jésus-Christ. J'ai confiance, c'est lui qui nous introduit dans sa Vérité. Un grand merci à tous les fidèles pour leurs prières.
Beaucoup de fidèles s'interrogent sur les tenants et aboutissants de cette affaire. L'Eglise de Martinique souhaite t-elle ouvrir une enquête ?
Pour l'instant ce n'est pas à l'ordre du jour. L'Eglise n'a pas annoncé officiellement d'enquête. Tout cela doit se traiter en interne. Nous cherchons avant tout à ce que la paix règne au sein de la communauté afin qu'elle puisse assurer sa mission.
Peut-on parler d'une aise de l'Eglise en Martinique ?
On peut parler d'une crise dans la mesure où beaucoup de personnes ont été choquées, ébranlées et que l'on ne savait plus trop quoi penser. Mais on ne peut pas parler d'une crise véritable. Les fidèles comprennent qu'il y a un évêque qui s'en va et qu'un autre va arriver. C'est une période un peu d'instabilité, d'incertitude, peut-être même d'angoisse pour certaines personnes. Nous sommes également dans une période trouble, d'instabilité sociale, où l'on a besoin d'une Eglise stable. On peut donc comprendre que ce qui s'est passé a déstabilisé un certain nombre de personnes. Mais la situation actuelle n'est pas si grave que ça.
Comment la réforme de la curie annoncée par le pape François est-elle accueillie dans le diocèse ?
L'Eglise suit son pasteur. L'état d'esprit du pape François nous aide tous. Le Saint-Père renvoie l'image d'une Eglise qui est très évangélique, très proche de notre Seigneur Jésus Christ, par sa manière d'être, sa simplicité, sa proximité avec les personnes. On entend ce qu'il a réclamé de la congrégation des évêques pour la nomination des futurs évêques. Un évêque dans la mouvance du pape François, peut être une bonne chose. Il faut que l'on puisse travailler à cette pastorale, et que l'Eglise aide la société, pour qu'il y ait davantage de justice et de fraternité.
La nomination d'un évêque extérieur à l'île pour succéder à Mgr Méranville a été évoquée. Est-ce possible ?
Les évêques ne sont pas forcément originaires de leur diocèse. Nous avons l'exemple de la Guadeloupe et de la Guyane. On a eu jadis des évêques qui n'étaient pas originaires de Martinique. Notre premier évêque, Mgr Leherpeur, venait de la Normandie. Si demain on devait nommer un évêque qui ne serait pas Martiniquais, pourquoi pas. Cela peut-il enlever quelque chose à l'Eglise autochtone ? Ou peu importe l'origine de l'évêque, l'Eglise de Martinique reste l'Eglise de Martinique. Ce sont des réflexions peut être identitaires. Mais laissons le choix à nos responsables et faisons confiance à l'Esprit Saint.
On a dit que l'un des cinq prêtres sanctionnés souhaitait devenir évêque. Faisait-on allusion à vous ?
Je ne sais pas si l'un des cinq voulait devenir évêque.
Mais je ne pense pas, et cela ne m'intéresse pas. Il n'appartient pas à un prêtre de dire qu'il voudrait faire carrière, ou devenir évêque.
C'est le choix de l'Eglise qui doit primer. J'aime la mission de prêtre de paroisse, être au contact avec les fidèles, être sur le terrain, travailler avec eux à l'organisation de la vie de l'Eglise. On a des défis à relever ensemble. J'aime ce challenge. Il y a aussi « Bèlè Légliz » , l'accompagnement des réalités culturelles, identitaires, sociales... Lorsque l'on est évêque on n'est pas autant sur le terrain, on est davantage à l'organisation de la vie de l'Eglise dans son fonctionnement global. Quand on oeuvre en paroisse, il y a vraiment un travail de proximité qui se fait, et tous les prêtres vivent cela avec passion.

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