Julien Mérion vient de faire paraître Autopsie politique du massacre de mai 1967, La Guadeloupe entre violence, terreur et résistance, aux éditions Jasor. Rencontre.
Il faut qualifier ce qui s'est passé les
26, 27 et 28 mai 1967 en Guadeloupe, plus particulièrement à
Pointe-à-Pitre. C'est un massacre. Qu'est-ce qui l'a déclenché
?
La qualification a été donnée par le
rapport Stora, après analyse de toutes les pièces
disponibles.
Cette qualification vient conforter la
thèse défendue aux procès de Paris et de Pointe-à-Pitre, en 1968,
et que certains historiens avaient déjà avancée. S'agissant du
déclenchement, il faut pouvoir distinguer les motivations profondes
et le prétexte de la grève des ouvriers du bâtiment, qui
réclamaient 2% d'augmentation. La seule présence de Jacques Nestor
et de quelques jeunes issus des quartiers populaires sur la place
de la Victoire a suffi pour enclencher la machine infernale. Sur le
plan de l'analyse politique, Mai 1967 se situe au carrefour de deux
grandes problématiques : la décolonisation et la guerre froide. Le
Gong (Groupe d'organisation nationale de la Guadeloupe) incarne ces
deux problématiques par son affichage pour l'indépendance et par sa
proximité avec Cuba et la Chine, notamment avec la présence d'une
délégation à la Conférence de la Tricontinentale, à La Havane, en
janvier 1966. Le pouvoir gaulliste a voulu étouffer dans l'oeuf
l'émergence d'un mouvement de libération nationale pour ne pas se
trouver à nouveau dans un bourbier « à l'algérienne » .
Tout de suite, on tait ou on minimise le
nombre de victimes. Sait-on combien il y en a eu....