Julien Mérion, politologue : « En mai 1967, la population ne comprenait pas qu'on puisse tuer aussi aisément »

Julien Mérion, politologue : « En mai 1967, la population ne comprenait pas qu'on puisse tuer aussi aisément »

Propos recueillis par André-Jean VIDAL
Homme de conviction, Julien Mérion porte un regard averti sur la vie politique guadeloupéenne. (Dominique CHOMEREAU-LAMOTTE)
Homme de conviction, Julien Mérion porte un regard averti sur la vie politique guadeloupéenne. (Dominique CHOMEREAU-LAMOTTE)

Julien Mérion vient de faire paraître Autopsie politique du massacre de mai 1967, La Guadeloupe entre violence, terreur et résistance, aux éditions Jasor. Rencontre.

Il faut qualifier ce qui s'est passé les 26, 27 et 28 mai 1967 en Guadeloupe, plus particulièrement à Pointe-à-Pitre. C'est un massacre. Qu'est-ce qui l'a déclenché ?
La qualification a été donnée par le rapport Stora, après analyse de toutes les pièces disponibles.
Cette qualification vient conforter la thèse défendue aux procès de Paris et de Pointe-à-Pitre, en 1968, et que certains historiens avaient déjà avancée. S'agissant du déclenchement, il faut pouvoir distinguer les motivations profondes et le prétexte de la grève des ouvriers du bâtiment, qui réclamaient 2% d'augmentation. La seule présence de Jacques Nestor et de quelques jeunes issus des quartiers populaires sur la place de la Victoire a suffi pour enclencher la machine infernale. Sur le plan de l'analyse politique, Mai 1967 se situe au carrefour de deux grandes problématiques : la décolonisation et la guerre froide. Le Gong (Groupe d'organisation nationale de la Guadeloupe) incarne ces deux problématiques par son affichage pour l'indépendance et par sa proximité avec Cuba et la Chine, notamment avec la présence d'une délégation à la Conférence de la Tricontinentale, à La Havane, en janvier 1966. Le pouvoir gaulliste a voulu étouffer dans l'oeuf l'émergence d'un mouvement de libération nationale pour ne pas se trouver à nouveau dans un bourbier « à l'algérienne » .
Tout de suite, on tait ou on minimise le nombre de victimes. Sait-on combien il y en a eu....

Suivez l'info en temps réel
sur l'appli France-Antilles !

Télécharger