Au pied levé, l’Habissoise Florence Naprix remplace la Mornalienne Joëlle Ursull, dont le public reste sans nouvelle… Pourtant, lors de sa dernière prestation parisienne, en avril 2010 à la Cigale avec Erick Pédurand, Joëlle souhaitait vite retrouver Paris, sa scène et son public. Florence Naprix ouvre le jeu avec une chanson de Joëlle, sans trop recevoir l’adhésion de la foule, vexée par cette défection. Florence enchaîne les standards de Kassav. Un peu brouillon, sans doute à cause du manque de préparation, mais gardant toujours le sourire, comme à son habitude. Elle assume !
Hengy Cho cho, jeune chanteur guyanais très en vue, prend le relais de la Guadeloupéenne, pour rappeler l’ambiance du carnaval guyanais avec ses touloulous et du bon piké djouk. La chaleur monte bien haut après la mi-carême ! C’est du Cho cho en carnaval, tout chaud, dans une proposition théâtrale piquante, vivante, vibrante et palpitante. Les touloulous donnent dans le colé-séré et piké douvan, des danses provocantes et atypiques ; biguine et piké djouk battent le rythme. Un petit entracte est marqué avec la chanteuse Leïla Torési, accompagnée au piano par le Guadeloupéen Jean-Marc Bellon. Une ballade teintée de blues métissé. Coup de cœur du public.
Les Escales de PMJ
Interview de Jean-Philippe Marthély : « J’aime la scène, je suis né pour ça »
Vous qui avez connu les plus grandes salles avec Kassav, pourquoi avoir choisi une petite salle ?
J’aime mes prochains, j’aime mon public, j’aime les gens qui y habitent. Je suis né avec l’amour et je fais tout pour que ça fructifie. On m’a déjà proposé de refaire le Zénith. Pour l’instant je ne suis pas encore prêt, je préfère cette proximité. J’aime la scène, je suis né pour ça. Le Zénith, ce se sera quand Dieu le voudra ! Maintenant, si je peux semer l’amour dans des petites salles, c’est formidable.
Marthely nouvelle formule, avec une petite formation. Est-ce l’idéal ?
Oui, une petite formation avec de grands musiciens. Il faut que cette petite formation musicale joue et sonne aussi bien, voire comme Kassav.
N’éprouvez-vous pas un peu de nostalgie ?
On ne peut pas appeler ma musique, une musique nostalgique. Ma musique est réelle et bien en place. Quand on me parle de soirées nostalgiques, je dis non. La musique de Kassav ne peut pas être classée dans cette catégorie de musiques nostalgiques. C’est une musique qui reste présente.
Vous avez balancé un nouveau titre sur le net, Fessbouc, qui a eu un grand succès pendant le carnaval. Etait-ce calculé d’avance ?
Personnellement je ne pensais que ce titre allait aussi bien fonctionner et trouver l’adhésion du public. Nous avons tellement de problèmes de diffusion, un tel manque de distributeurs à notre petit niveau… Finalement, je suis à la recherche d’un distributeur pour Paris.
Quel regard avez-vous sur le renouveau de la musique antillaise ?
Il y a du bon et du moins bon, et du mauvais aussi. J’ai bien aimé l’album du Guadeloupéen Patrice Hulman. Nous avons des jeunes qui peuvent faire de belles choses dans la musique. Mais, il faut faire attention. On peut vite partir à la dérive. Il y a des gens qui veulent chanter en français, qui ont des textes bizarres... Il faut que tous ces gens qui tournent autour de la musique sachent que quand tu te mets sur CD, c’est gravé. Il ne faut pas faire n’importe quoi.