Confinement : les forces de l'ordre veillent

Confinement : les forces de l'ordre veillent

Boris COLOMBET
Une centaine de véhicules ont été contrôlés ce vendredi à Gourbeyre, en présence du préfet et du procureur de Basse-Terre.
Une centaine de véhicules ont été contrôlés ce vendredi à Gourbeyre, en présence du préfet et du procureur de Basse-Terre. • DR

Policiers et gendarmes multiplient les contrôles sur le bord des routes afin de faire respecter les mesures de confinement. Cependant, certains internautes pointent un risque de contamination de la population. Il n'empêche : des dispositions particulières ont été prises par les forces de l'ordre afin d'éviter la propagation du virus. On vous explique tout ici.

À l'instar des caissières, commerçants et autres professionnels obligés de continuer à travailler pour le bien de la population – sans parler des personnels soignants qui sont aux avant-postes –, les forces de l’ordre continuent à arpenter le terrain. « Que ce soit ici en Guadeloupe, à Saint-Martin ou Saint-Barthélemy, tous les gendarmes sont mobilisés et continuent à travailler », assure le général Thierry Renard.
Effectivement, sur la page Facebook de la gendarmerie de Guadeloupe, aux côtés des messages de prévention et de sensibilisation du grand public, figurent en bonne place des illustrations montrant les contrôles actuellement opérés sur les routes du département et visant à faire respecter les mesures de confinement. Des opérations qui commencent à porter leurs fruits selon le patron de la gendarmerie : « Comme dans toutes crises, nous sommes très rapidement passés de deux cas la semaine dernière, à cinq, puis à 45 jeudi, et maintenant 51 (lire ici le point de situation en Guadeloupe à la date du vendredi 20 mars). La population a donc progressivement pris conscience que le département était à son tour touché par le Coronavirus. Conséquence : les gens sont désormais dans l'acception et comprennent mieux les dispositifs de confinement pris par les pouvoirs publics. Les retours de terrain des unités sont d'ailleurs globalement positifs : que ce soit sur les plages touristiques de Saint-François ou de Sainte-Anne, on n'assiste plus à la présence de foules importantes. Après, bien évidemment, il y a toujours des individus qui restent dans le déni. » Quant au procureur de la République de Pointe-à-Pitre, il déplorait « la présence de trop nombreuses personnes, jeudi, dans les commerces et sur les plages ».
Déjà une petite dizaine de personnes verbalisées
Pour eux, c’est désormais la prune assurée (une amende de 4e classe, de 135 euros, pouvant être portée à 375 euros en cas de majoration). Le général Renard ne s'en cache pas : « Jusqu'à jeudi, nous étions encore dans une démarche de sensibilisation. Notre action consistait à lancer des appels citoyens pour faire comprendre que c'est dans l'intérêt de tout le monde de jouer collectif en restant chez soi. Ce n'est que comme ça que nous ferons reculer le virus. Nous avons d'ailleurs été aidés dans cette mission par les collectivités qui ont mobilisé leur police municipale pour passer dans chaque section et diffuser, à l'aide de haut-parleurs, les consignes à suivre. Néanmoins, nous avons procédé à huit verbalisations en sanctionnant les personnes qui ne voulaient vraiment pas comprendre. »
La dernière des interdictions prises par arrêté préfectoral concerne l'accès aux plages, cours d'eau et piscines publiques... « L'idée est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne sur ces lieux. Les touristes encore présents sont également concernés par la principale mesure qui est de rester chez soi. Ils vont devoir se confiner eux aussi dans l'attente de leur rapatriement que nous organisons », soulignent de leur côté les pouvoirs publics. Histoire que le message passe parfaitement, la gendarmerie assure avoir également mobilisé sa brigade nautique. Notamment pour aller à la rencontre des plaisanciers : « On leur rappelle qu’eux non plus ne doivent pas inviter du public ou amis à bord. Mais également que les activités de plaisance ou nautiques sont désormais interdites », justifie le général Renard.
Sept gendarmes testés positifs
Reste que ces actions menées tous azimuts par les forces de l'ordre ont suffi à créer un début de polémique sur les réseaux sociaux. En cause : la non protection des gendarmes et policiers qui sont, du coup, accusés d’être des vecteurs de contamination de la population (Pour plus de précisions : selon les recommandation de l’Agence régionale de santé et du ministère de la Santé, le port du masque est uniquement prescrit pour les malades atteints par le Coronavirus ainsi qu'aux professionnels de santé. Les forces de l'ordre ne sont pas tenues de s'équiper).
Préférant jouer la carte de la transparence, le patron de la gendarmerie en Guadeloupe le reconnait sans mal : « Effectivement, nos militaires ne sont pas immunisés contre le Coronavirus. Ce sont des personnes comme tout le monde. » Et d'annoncer que parmi les 51 personnes touchées par le Covid-19 en Guadeloupe, figurent « sept gendarmes qui ont été testés positifs. Ils ont bien évidemment été confinés et sont pris en charge par nos médecins militaires. »
Pour autant, l'officier entend tordre le cou aux critiques qu’on peut lire sur le net. La gendarmerie, comme la police, assure avoir pris « des dispositions particulières » afin de préserver ses troupes de tout risque. « Nous appliquons les gestes barrières. Et notamment celui-ci : maintenir une distance de sécurité en demandant que les gens s'écartent les uns des autres. » Toujours dans cette volonté « de créer de la distanciation », les forces de l'ordre incitent le grand public « à précférer l'usage du téléphone ou du mail » plutôt que de se rendre physiquement dans les brigades et commissariats. « Le 17 continue à fonctionner et il est possible de déposer des pré-plaintes en ligne. »
Des missions ré-orientées
Quant aux missions, elles ont naturellement été modifiées. « Nous donnons la priorité à tout ce qui est essentiel et limitons ce qui nous semble secondaire », insiste le général. En clair : certaines procédures menées en préliminaires peuvent être remises à plus tard. « En fait, nous nous concentrons d'une part sur la gestion de la crise, en faisant respecter l'application des consignes de sécurité. Et d'autre part sur toutes les interventions axées sur la sécurité des personnes. Je veux bien évidemment parler de tout ce qui relève du criminel, mais également les agressions ainsi que les violences intra-familiales. »
À ce sujet, le procureur de la République de Pointe-à-Pitre dit ne pas avoir observé la moindre hausse depuis l'entrée en vigueur du confinement. « En revanche, mercredi soir, un individu nous a été déféré, avant d'être placé en détention provisoire, pour violences sur sa compagne. Il s'agit d'un récidiviste qui sera jugé ce vendredi devant le tribunal. Il est important de rappeler que nous continuerons d'appliquer la loi avec détermination. »
Une détermination dans la répression et les sanctions qui, sans surprise, vise également tout ceux qui ne se conformeront pas aux mesures de confinement ou qui « adopteraient des comportements dangereux. Au-delà de l'amende de 135 euros, un large panel d'infractions délictuelles existent. Je pense aux refus d'obtempérer, à la rébellion ou encore à la mise en danger de personnes dépositaires de l'autorité publique. Je ne veux surtout pas donner de mauvaises idées donc je ne vais pas rentrer dans les détails. D'autant que nous n'avons pas relevé le moindre cas ici. Mais dans l’Hexagone, nous avons eu à assister à des comportements scandaleux dirigés contre les forces de l'ordre », avertit le procureur Patrick Desjardins.

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