Continuer à produire ou... mettre la clef sous la porte

Continuer à produire ou... mettre la clef sous la porte

Sandrine de Saint-Sernin
Hervé Toussay, le gérant de l'usine La Tivolienne.
Hervé Toussay, le gérant de l'usine La Tivolienne.

Hervé Toussay est le gérant de l'usine « La Tivolienne », usine spécialisée dans la torréfaction du café. L'unité de fabrication n'a pas fermé un seul jour pendant ces temps de confinement...

« Nous avons eu l'autorisation de continuer notre production car nous sommes dans le secteur de l’agroalimentaire », explique Hervé Toussay, le gérant. « Et c'est tant mieux car nous sortions d'une période difficile avec les grèves nationales et les gilets jaunes qui paralysaient les ports depuis la fin de l'année. Nous n'aurions pas pu résister à un second coup économique ! »
L'usine La Tivolienne fait venir sa matière première, le café, par container, ainsi que ses emballages. Sans cet approvisionnement régulier, l'usine ne peut tourner. Le professionnel reprend : « Nous torréfions quand même une tonne de café par jour. Nous avons été limité par notre matière première qui prenait de plus en plus de retard dans les ports. Alors aujourd'hui, nous avons pris la décision d'avoir un container d'avance, mais qui dit marchandise, dit aussi facture. Un container de café, c'est 45 000 euros. Une certaine trésorerie, alors nous sommes dans l'attente de la réponse de la banque pour savoir si elle va nous suivre ou pas. Je dois avouer que la négociation est très bien engagée ».

Une tonne de café est torréfiée chaque jour à l’usine.
Des consommateurs qui stockent
L’entreprise, avec le blocage des ports français, n'avait donc pas de stock. « Lors des premiers jours du confinement, les consommateurs se sont rués pour faire du stock que nous n'avions pas ! Aujourd'hui, nous avons pu approvisionner les magasins et oui, nous vendons un peu plus que d'habitude. Mais nous sommes conscients qu'après le confinement, les ventes ralentiront puisque les consommateurs auront du stock chez eux. Quand on fera le bilan de l'année, nous n'aurons en fait pas vendu plus. »
La Tivolienne emploie 16 salariés. Tous ont répondu présent quand le gérant a demandé des volontaires pour poursuivre l'activité. « Nous n'avons même pas changé nos horaires de travail, 7h30-15h. Et comme notre moyenne d'âge est plutôt vers les 45 ans, il n'y a pas eu non plus de problème à régler concernant les gardes d'enfants en bas âge. »

L'usine fait venir ses emballages par container.

Évaluer les risques des postes de travail
Et qu'en est-il des barrières sanitaires de sécurité ? Monsieur Toussay sourit : « Nous avons dû comme toutes les entreprises évaluer les risques. Chez nous, tous les postes sont éloignés les uns des autres et comme nous n'avons pas de visiteurs, les risques pour l'usine étaient quasi nuls. Il n'a pas fallu de grands aménagements ».
En revanche, le groupe a fermé le magasin en centre-ville car c'était plus compliqué de recevoir de la clientèle et comme les commerces du centre-ville étaient fermés, il n'était pas judicieux de rester ouvert. La salariée de la boutique a été mise en chômage technique, la seule de l'entreprise.
Reste la troisième catégorie : les commerciaux et les livreurs. « Pour cette catégorie, nous n'avons pas été originaux, nous avons suivi ce que toutes les entreprises proposent : du gel hydroalcoolique, des masques et des gants ».
Et de poursuivre : « Pour nos salariés-agriculteurs, c’est comme à l'usine. Ils sont 3 sur une surface de 17 hectares. Il n'y a aucune possibilité de transmission du virus ».
Oui, des terres, car la Tivolienne est également productrice de confiture dont les produits-phare sont : deux confitures (banane et goyave) et une gelée de goyave, bien connue dans le paysage martiniquais. « Pour les confitures, nous n'avons pas eu de problème de ravitaillement. Les bananes nous ont été livrées régulièrement et nous assurons nous-même la production de goyaves, avec nos vergers au Vauclin. »
Que dire en conclusion sinon que cette société — dans la catégorie des PME, petites et moyennes entreprises — n'aurait pas pu résister à la fermeture, même temporaire, si elle avait été dans un autre secteur que celui de l'agroalimentaire... Sa trésorerie ne lui permettant pas d'accuser deux mois sans entrée d'argent.
Notons pour finir que La Tivolienne a participé à l'effort social en offrant du café et des confitures à divers associations pour les personnes nécessiteuses et pour les actions sociales des mairies.
Contact : 0696.64.05.93.
Un peu plus sur La Tivolienne
La Tivolienne se trouve dans le quartier de Tivoli à Fort-de-France. L'usine de torréfaction y est implantée depuis son ouverture en 1940. Le créateur est feu Édouard Damase Levert.
L'usine fait venir ses emballages par container. Un par an, ce qui représente un million de paquets.
Le café vient principalement d’Afrique, « pour revenir à nos origines ». La matière première passe néanmoins par les ports français pour venir en Martinique. Une petite production vient d'Amérique latine.
Un container de café a une valeur marchande de 45 000 euros.
L'entreprise n'exporte pas, sa production est uniquement destinée au marché local.

 


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